Knock knock

Knock knock
Titre original:Knock knock
Réalisateur:Eli Roth
Sortie:Cinéma
Durée:99 minutes
Date:23 septembre 2015
Note:

Un soir d'orage, un architecte, marié et bon père de famille, resté seul pour le weekend, ouvre sa porte à 2 superbes jeunes femmes mal intentionnées…

Critique de Mulder

Eli Roth est un véritable passionné de cinéma. Comédien, scénariste, producteur, en seulement cinq films il s’est imposé comme un des maîtres de l’horreur actuel (Cabin Fever (2002), Hostel (2006), Hostel chapitre II (2007) et The Green inferno (2015) (son meilleur film à ce jour). Knock Knock apparaît donc comme une tentative réussie de changer de genre cinématographique et de s’atteler à un thriller efficace en huis clos. De nouveau co-scénariste sur ce film avec ces deux fidèles co-scénaristes Nicolas Lopez et Guillermo Amoedo avec lesquels il avait déjà collaboré sur son précédent film et également en qualité de producteur sur Aftershock (2012).

Après avoir démystifié dans une excellente fausse bande annonce la fête américaine du Thanksgiving (dans le film Grindhouse (2007)), il s’attaque cette fois-ci à la thématique de la sacro-famille américaine trop propre pour la démolir de l’intérieur et surtout brocarder par la même occasion les réseaux sociaux. Knock knock est avant tout un remake réussi du film de Peter S. Traynor, The Seducers (1977) dans lequel deux jeunes femmes séquestraient un homme marié. On retrouve ainsi à la production et dans un petit rôle une des deux comédiennes de l’œuvre originale (Colleen Camp). Tout semblait idyllique dans la vie de l’architecte Evan Webber, marié à une superbe artiste et deux enfants, une belle villa et un passé de DJ reconnu et apprécié. Pourtant les déboires qu’il rencontre avec son épouse vont s’accentuer lorsque pendant l’absence de celle-ci et de leurs deux enfants, deux jeunes femmes perdues vont frapper à sa porte et lui demander son aide. Sans s’en rendre compte un piège va se refermer sur lui et le laisser à la merci de ces deux psychopathes tentatrices.

Si le film fonctionne parfaitement, c’est qu’il repose sur un scénario solide prétexte à de nombreux rebondissements mais surtout à une réalisation fluide et efficace permettant aux trois comédiens principaux de se livrer au jeu du chat et de la souris pendant toute la durée du récit. Cette manière désinvolte que le réalisateur a de vouloir pousser à bout ce jeune père de famille et de lui faire payer son adultère est symbolique d’une Amérique n’assumant pas toujours ses actes. Le réalisateur s’en donne à cœur joie pour détruire brillamment cet architecte qui voit sa maison se faire totalement mettre sans dessus dessous. Alors que dans ses précédents films le danger venait de l’extérieur, cette fois-ci il se glisse totalement dans l’habitat du personnage principal. Cet home invasion n’est pas un thème nouveau et on pense ainsi à Panic Room de David Fincher (2002), You’re next de Adam Wingard (2013) parmi les exemples les plus réussis. Mais le film renvoie également à Liaison fatale d’Adryan Lyne (1988) mais alors que le personnage de Dan Gallagher ne révélait son vrai visage qu’à sa famille, celui dans ce film se voit devenir la risée de l’ensemble des personnes reliées aux réseaux sociaux, autre temps, autre mœurs.

Eli Roth devait également s’appuyer sur une interprétation solide pour maximiser l’efficacité de son film. Il bénéficie ainsi de la présence dans le rôle principal de Keanu Reeves (Point Break extrême limite (1991), Speed (1994), saga Matrix (1999-2003) et plus récemment l’excellent John Wick (2014)…). Celui-ci profite de ce film pour casser son image trop lisse et surtout faire preuve de la palette de son talent. Aussi à l’aise dans un film d’action, une comédie et un thriller, il est tout simplement le meilleur choix que pouvait faire Eli Roth pour son film. Face à lui, il fallait deux comédiennes aussi belles que bonnes comédiennes pour interpréter de manière réussie les personnages de Bel et Genesis. Lorenza Izzo découverte dans le film Aftershock donne à son personnage toute la profondeur de caractère nécessaire. Aussi belle que dangereuse, elle tient parfaitement son rôle face à celui de Keanu Reeves et l’alchimie entre les deux fonctionnent parfaitement. De la même manière Ana de Armas (Blind Alley (2011)) est un excellent choix car le duo qu’elle forme avec Lorenza Izzo se tient.

Après avoir tourné l’excellent The Green inferno, on sent que le réalisateur voulait changer de genre de films ne serait ce que pour montrer qu’il n’excelle pas uniquement dans la réalisation de films d’horreur violent mais qu’il est un réalisateur capable de mettre en place des thriller efficaces et hargneux tout en se jouant habilement des règles du genre (ici, le home invasion). Knock Knock permet également de retrouver Keanu Reeves dans un rôle différent et de lui permettre de retrouver son public qui l’apprécie . On ne peut donc que vous conseiller de découvrir Knock Knock et surtout de ne pas rater The Green inferno également avec Lorenza Izzo et découvert le même jour lors du festival du cinéma américain de Deauville.

Vu le 05 septembre 2015 au Morny Club, Deauville, en VO

Note de Mulder: