Titre original: | Duke of Burgundy (The) |
Réalisateur: | Peter Strickland |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 101 minutes |
Date: | 17 juin 2015 |
Note: | |
Une lépidoptériste (spécialiste des papillons) austère entretient une relation sadomasochiste avec sa femme de ménage, jeune et soumise à tous ses désirs.
Critique de Mulder
Couvrir un festival comme le Paris International Fantastic Film Festival permet de découvrir des films indépendants ne connaissant pas forcément une sortie en salles conséquentes. Pourtant, le troisième film du réalisateur britannique Peter Strickland (Katalin Varga (2008), Berberian Sound Studio (2012)) fut une des excellentes surprises de ce festival. Le réalisateur et scénariste nous présente donc dans un cadre atypique dénué de présence masculine un film dans un contexte hors temporel la relation sadomasochiste d’une lépidoptériste avec sa femme de ménage. Cette relation trouble met en place une véritable tension aussi attirante que malsaine.
Ce drame certes ne présente pas une véritable dimension fantastique mais sa place dans un tel festival est amplement méritée par cette sensation d’être dans un monde dénué de présence masculine. C’est en cela que ce film gagne une véritable indépendance et semble s’extirper des giallos des années 70 qui ont été à la source de l’inspiration du réalisateur. En reposant sur un scénario propice à un thriller à huis clos, ce sont les deux personnages féminins qui gagnent en présence et retiennent toute notre attention.
Sidse Babett Knudsen (Cynthia) (série Borgen, une femme au pouvoir (2010-2013)) et Chiara D’Anna (Evelyn) réussissent à donner à leur personnage une tonalité grave et envoutante. Tel un papillon pris dans une toile d’araignée gigantesque, l’opposition de leurs deux personnages est non seulement fascinante mais répulsive en même temps. Il est impossible de ne pas penser aux thrillers horrifiques de Roman Polanski (Répulsion (1965), Le Locataire (1976)..). Le réalisateur semble donc après l’intéressant Berberian Sound Studio continuer à vouloir redonner une certaines noblesse au cinéma italien des années 70 en poursuivant dans la même veine.
Ne négligeant en rien son scénario, c’est surtout à une véritable expérience sonore et visuelle que nous invite à travers ce film le réalisateur Peter Strickland. Le soin apporté à l’approche sonore est visible dès la première scène du film. Les différents sons proposés et travaillés font de ce film une véritable immersion dans un monde où la mort est omniprésente. Ce n’est donc pas un hasard si tel la larve devenant un papillon, les deux personnages féminins principaux semblent être en phase de chrysalisation permanente.
Ce film original et somptueux s’affirme comme un cocon dans lequel on aimerait s’y installer confortablement et nous ne pouvons que vous conseiller de le voir.
Vu le 20 novembre 2014 au Gaumont Opéra Capucines, Salle 02, en VO
Note de Mulder: