Titre original: | Samba |
Réalisateur: | Eric Toledano, Olivier Nakache |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 119 minutes |
Date: | 15 octobre 2014 |
Note: |
D’origine sénégalaise, Samba vit depuis dix ans en situation irrégulière en France. Lorsqu’il se présente à la préfecture avec une promesse d’embauche, dans l’espoir d’obtenir enfin ses papiers, il est arrêté et mis en zone d’attente à l’aéroport. Une association tente de faire annuler son arrêté d’expulsion. Parmi les bénévoles se trouve Alice, une cadre insomniaque et dépressive, qui enfreint dès son premier jour la règle d’or de tout travail humanitaire : ne pas trop s’investir dans la vie des hommes auxquels on apporte son aide et son soutien.
L’immigration clandestine est un sujet sérieux. Tellement sérieux que ses aléas ne nous donnent pas vraiment envie d’en rire. Tant mieux alors que les films du tandem de réalisateurs Eric Toledano et Olivier Nakache ne colportent qu’en apparence des messages engagés, pendant que leur véritable centre d’intérêt est infiniment plus universel. Leurs histoires précédentes ne parlaient ainsi pas réellement des colonies de vacances, de la famille ou du handicap, mais de personnages ordinaires qui nous subjuguaient par leur humanité. La prétention à la normalité – qui nous exècre tant quand c’est le chef de l’état qui l’attrape – est le formidable fond de commerce du cinéma des deux réalisateurs, qui font une fois de plus mouche avec Samba. Attendus forcément au tournant suite au succès phénoménal de leur film précédent, ils ont su rester fidèles à leur recette du bonheur sous forme de cinéma, pourtant si difficile à réussir sans tomber dans la manipulation tendancieuse.
Le protagoniste peine par conséquent à être un digne héritier français de Sidney Poitier. Les failles de son caractère ne sont certes pas préjudiciables à une pleine identification avec ce brave gars, qui a adopté la posture honteuse du profil bas comme philosophie existentielle dans un pays qui ne veut pas de lui. Mais la brève séquence d’une petite aventure sexuelle suffit pour fracasser l’auréole qui risquait de béatifier sommairement les personnages interprétés auparavant par Omar Sy. Contrairement à Driss, l’artiste de la survie qui savait débloquer les situations les plus pernicieuses grâce à sa tchatche et son optimisme débordants, Samba tend plutôt à s’accrocher aux rares bouées de sauvetage que le destin lui réserve. Ce qui ne fait guère de lui un homme aux idées moroses et à l’air abattu, mais juste quelqu’un qui ne cultive aucun rêve héroïque d’un épanouissement au-delà de ses modestes moyens. Cette banalité manifeste sied parfaitement à un film d’autant plus touchant qu’il ne cherche pas à reproduire artificiellement les éclats de rire libérateurs de Intouchables.
Le dénouement un peu inégal mis à part, le récit excelle au contraire dans l’agencement d’ellipses narratives subtiles. L’humour y naît à la fois des rares moments de détente, comme la fête passablement arrosée dans les locaux de l’association, et de la complexité nullement alambiquée des rapports entre les personnages. L’amitié et l’amour y ont autant leur place qu’un certain désaveu de la précarité la plus sinistre. Le quotidien de Samba a beau être rythmé par des petits boulots ingrats, accomplis avec la sourde peur au ventre d’être démasqué, tout comme celui de son pendant féminin se résume à une gêne persistante, même quand elle commence à remonter la pente, ils arrivent néanmoins à s’adapter à un contexte social qui ne leur veut pas nécessairement du bien. C’est à travers cet optimisme hésitant que le film réussit à nous charmer pleinement, dans la continuité très humaniste de la filmographie quasiment sans faute de Eric Toledano et Olivier Nakache.
Vu le 7 octobre 2014, au Gaumont Ambassade, Salle 3
Note de Tootpadu:
Le succès du film "Intouchables" d'Éric Toledano et Olivier Nakache, a catapulté l'ancien comique du SAV des émissions, Omar Sy, au plus haut niveau, avec un César et de multiples sollicitations sur le marché cinéma américain avec son apparition, par exemple, dans le dernier épisode des X-Men. Fidèle à ses premiers succès, il revient sur le devant de la scène dans "Samba", nouveau film du duo à succès cité précédemment. Cette fois-ci, Charlotte Gainsbourg, Izïa Higelin et Tahar Rahim forment le casting de cette comédie dramatique.
"Samba" nous propose une histoire aussi touchante que romantique. Le duo de réalisateur insiste sur la difficulté des sans-papiers, aidés par les bénévoles des associations, à trouver des emplois durables afin d'obtenir des cartes de séjours et/ou un logement. Le film fait donc état d'un phénomène d'actualité. La France est une terre d'accueil depuis de nombreuses années et "les sans-papiers" sont un des sujets délicats que les différents gouvernements se passent tel une patate chaude, en mettant en avant les difficultés des demandeurs associées à celles des bénévoles.
Comme tout métier lié au bénévolat et/ou services, on sait qu'il ne faut pas s'attacher car lors des ruptures ou conflits, il est toujours extrêmement difficile de rester le plus impartial possible sans être automatiquement insensible. Éric Toledano et Olivier Nakache jouent donc sur deux tableaux. L'un, présentant le combat des migrants, devant avoir un travail légal ou non, devant lutter quotidiennement pour obtenir de quoi se nourrir, se loger (...), au final, vivre en France. L'autre, présentant la difficulté du quotidien des bénévoles, qui dans le cas présent, s'accrochent aux émigrés.
"Samba" est donc un film d'actualité dans lequel Omar Sy et Tahar Rahim confirment tout le bien que le cinéma français pensent d'eux. Le duo d'Éric Toledano et Olivier Nakache offre une film agréable, touchant et honnête. Personnellement, je sors satisfait du film qui correspond à ce que j'attendais venant de tels réalisateurs et offrant un casting aussi éclectique que talentueux.
Vu le 26/10 au Pathé Conflans, en VF
Note de Marty: