Incroyable histoire de Winter le dauphin 2 (L')

Les dauphins sont des animaux très intelligents. Leurs capacités intellectuelles sont même si extraordinaires que l’homme et à plus forte raison cette forme d’expression artistique intrinsèquement humaine qu’est le cinéma ne savent pas trop comment tenir compte de cette espèce guère moins évoluée que la nôtre. Il y a certes quelques mentions admiratives par-ci, par-là, comme dans le dernier film de Luc Besson, mais dans l’ensemble, cette concurrence marine n’a jamais eu d’hommage filmique à sa hauteur. Et le premier qui mentionne l’univers de Flipper sera condamné à regarder en boucle le magnifique documentaire sur le massacre des dauphins au Japon et leurs conditions de captivité à peine plus réjouissantes dans les parcs d’attractions aquatiques ! Cette fâcheuse lacune ne sera point comblée par ce film-ci, la suite des premières aventures du dauphin à la queue atrophiée sorties il y a trois ans. Il sait néanmoins éviter avec une gentillesse confondante les écueils typiques pour ce genre d’interaction attendrissante entre un enfant et son animal de compagnie, aussi exotique soit-il.

A la base, L’Incroyable histoire de Winter le dauphin 2 est une publicité à peine larvée pour le centre aquatique dont le scénario s’inspire directement. Des animaux en détresse y sont recueillis, soignés, puis relâchés dans la nature, dès que leur état de santé le permet. Cette clinique pour la faune sauvage des côtes de la Floride n’a strictement rien en commun avec ces destinations de divertissement, où les dauphins sont tenus captifs exclusivement pour assurer un spectacle à échelle humaine. Sa démarche est au contraire pédagogique et attachée à une déontologie médicale sans reproche. Ces valeurs tout à fait recommandables transparaissent clairement au fil du récit, agencé au rythme des différentes missions de sauvetage. Le caractère ludique et civique du ton s’adresse en priorité à un jeune public, mais même les spectateurs adultes pourraient en tirer le genre de leçon d’idéalisme qui est véhiculé ailleurs le plus souvent par une lourde manipulation des sentiments.

La mise en scène de Charles Martin Smith s’abstient heureusement en grande partie de pareil chantage larmoyant. Les rares prises subjectives des animaux mises à part, elle se caractérise plutôt par une sobriété bienveillante. Les enjeux dramatiques sont ainsi résolus sans exception dans un état d’esprit optimiste, voire parfois un peu douceâtre. Car rien de grave n’arrive en effet à Sawyer et sa copine effrontée Hazel qui ne pourra être arrangé par le biais d’un rapport éclairé et respectueux envers les animaux dont ils ont la charge. La vie réelle ne ressemble certainement pas à ce conte consensuel. En tant que prétexte pour intéresser les enfants à la biologie marine ou plus généralement à la découverte du monde autour d’eux, il serait toutefois mesquin de ne pas lui reconnaître de nobles intentions, dans un emballage cinématographique dépourvu de signes distinctifs particuliers.

Vu le 22 septembre 2014, à la Salle Warner, en VO

Note de Tootpadu: