Violence des échanges en milieu tempéré

Violence des échanges en milieu tempéré
Titre original:Violence des échanges en milieu tempéré
Réalisateur:Jean-Marc Moutout
Sortie:Cinéma
Durée:99 minutes
Date:14 janvier 2004
Note:
Philippe, jeune diplômé brillant d'origine modeste, est embauché par l'entreprise de conseil en gestion MacGregor. Sa première mission, en tant qu'assistant de Hugo, consiste en la restructuration d'une usine métallurgique en province avant son rachat par un grand groupe étranger. Face au dilemme moral qui se présente à cause des suppressions d'emplois programmées, Philippe cherche à se ressourcer auprès de sa nouvelle copine, Eva, une jeune mère et intérimaire.

Critique de Tootpadu

Rappelant par plus d'un aspect les "Ressources humaines" de Laurent Cantet, ce premier film peut être considéré comme un disciple exceptionnel de celui-ci. Par le biais d'une opposition plus prononcée entre le champ de travail quotidien avec ses entretiens forcés et ses propositions d'amélioration de la productivité suspectes, et les exigences d'une entreprise de gestion libérale et féroce, le cinéaste Jean-Marc Moutout couvre un domaine en léger décalage avec celui du film précité, ce qui lui fait gagner en pertinence sociologique, et perdre en emprise émotionnelle. En effet, le combat intérieur que doit livrer son personnage principal ne dispose guère de l'ancrage dans le milieu qui fondait la dualité du combat de celui, interpreté par Jalil Lespert, dans les "Ressources". Par conséquent, le véritable champ de bataille est moins l'usine que la conscience du héros qui se trouve face à un choix entre la réussite pour lui ou une survie incertaine pour les employés.
Ces interrogations tortueuses, Jérémie Rénier les traduit admirablement à l'écran. Parfois un peu trop parfait, trop sûr de son intégrité, le personnage de Philippe est néanmoins un exemple frappant d'un jeune homme en phase d'apprentissage de la vie adulte, avec tout ce que cela peut impliquer de confort, de succès, de corruption et de mensonge. Bien que les séquences de sa vie privée avec Eva ne soient pas toujours concluantes, elles correspondent à une certaine contremesure, en opposition à la brutalité courtoise et sournoise de la vie du travail, comme un dernier espoir de préserver un standard minimal d'innocence et d'honnêteté.
En fin de compte, cette "Violence ..." est peut-être un peu trop schématique, un peu trop analytique et, sans que cela ne l'empêche d'être intelligent et pertinent dans son regard sur notre société, ce fait, en association avec une représentation authentique mais terne de l'environnement professionnel, le rend quelque peu triste et froid, sans réel point d'identification ou d'espoir.

Vu le 19 janvier 2004, à l'UGC Ciné Cité Bercy, Salle 14

Note de Tootpadu: