Dead or alive 3 (Dead or alive 3 - Final)

Dead or alive 3 (Dead or alive 3 - Final)
Titre original:Dead or alive 3 (Dead or alive 3 - Final)
Réalisateur:Takashi Miike
Sortie:Cinéma
Durée:88 minutes
Date:21 janvier 2004
Note:
En 2346, Yokohama, la belle ville portuaire japonaise, est devenue un véritable cauchemar urbain. Afin de lutter contre la surpopulation, la nouvelle société en place, dirigée par un maire fou, force les citoyens à prendre une drogue qui les rend stériles. Un petit groupe de résistants cherche malgré tout à renverser le pouvoir. Ils vont être aidés par un réplicant nommé Ryu. Ce dernier va rapidement se retrouver confronté à un officier de police déterminé à mettre un terme aux agissements des révolutionnaires. Jusqu'à ce qu'il découvre que la vie qu'il mène n'est qu'un énorme mensonge...
(Source Allociné)

Critique de Tootpadu

Rupture de ton, rupture d'époque dans cette suite finale des "Dead or alive" qui se distingue profondément des deux précédents, tout en bouclant la boucle à la manière débridée de Takashi Miike.
D'abord, c'est la texture de l'image qui change, avec ses pixels de la vidéo numérique, ses couleurs filtrées presque constamment par le jaune, sa vitesse de déroulement qui procure un curieux effet d'accélération et de saccades à la fois. Ensuite, l'environnement n'est forcément plus le même, puisque l'action se déroule dans un futur lointain, où l'on ne se souvient même plus des guerres des bandes, seulement d'un monde ancien aux réplicants et à la procréation sans frein. Ce cauchemar a fait la place à un autre, mis en scène par un maire narcissique - qui rappelle un peu le chef de police fanatique de la flûte du premier film - qui s'extasie devant un joueur de saxophone au torse nu et qui rêve d'un monde sauvé par l'amour homosexuel. Face à ce personnage aux attributs douteux (il y a en fait sur tout ce film comme un voile d'homophobie, sauf que l'intelligence et l'humour du regard du réalisateur à ce sujet nous font fortement douter d'une quelconque intention réactionnaire), on retrouve les deux héros des deux films d'avant qui, pour parfaire le cercle, occupent les postes opposés du premier film. Néanmoins, leurs affrontements se déroulent par intermédiaires, à part pour la fin, puisque le réplicant prend la cause des rebelles - un groupe hybride au meneur anglophone - qui sont à leur tour poursuivis par le policier, sous l'ordre du maire manipulateur.
Rappelant étrangement le "Blade Runner" de Ridley Scott, cet épilogue à la philosophie sombre et opprimante est tout aussi passionnant et déroutant que ses deux prédécesseurs. Tantôt on voudrait saluer la capacité de Takashi Miike de créer un univers original et menaçant à partir de peu d'éléments et finalement peu d'effets spéciaux perceptibles, tantôt l'on se sent frustré par le piétinement du rapport entre les deux héros, jusqu'à sa solution halucinante mais sans sens, par le départ désormais appréhendé vers le 'n'importe-quoi' (ici la discussion finale entre le policier et le maire) et par un propos trop embrouillé pour en retenir autre chose qu'un traitement de l'homosexualité suspicieux.
Il n'empêche que, en dépit de ses nombreux défauts, on a grandement apprécié cette excursion par le biais de trois films hétérogènes dans un univers cinématographique dans lequel la folie créatrice ne se traduit pas par la prétention (le piège préféré des jeunes cinéastes français), mais par une joie bordélique et viscérale en même temps.

Vu le 2 février 2004, à l'UGC Ciné Cité Les Halles, Salle 8, en VO

Note de Tootpadu: