Titre original: | Belle comme la femme d'un autre |
Réalisateur: | Catherine Castel |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 90 minutes |
Date: | 22 janvier 2014 |
Note: |
Afin d’arrondir ses fins de mois et pouvoir mettre un peu d’argent de côté pour ouvrir son propre bar, Agathe travaille sous le nom de Olivia pour l’agence Darling Trap. Elle y piège adroitement des hommes, dont l’épouse veut avoir le cœur net quant à l’infidélité de son conjoint. Son nouveau contrat l’amène à la Réunion, où elle est censée séduire Gabriel, en couple avec la juge aux affaires familiales Clémence. Cette dernière ne veut pas vivre une deuxième fois un divorce et fait donc appel aux services de Olivia, avant d’accepter la demande en mariage de Gabriel. Mais dès que son fiancé s’est envolé pour son voyage d’affaires, elle est prise de remords. Elle tente alors à la dernière minute d’arrêter la machine infernale de la mise à l’épreuve de l’amour.
L’infidélité fait hélas partie du côté déplaisant de la vie, au même titre que l’incivilité, le mensonge, la fraude, la violence, le vol et ainsi de suite. Après, nous n’avons jamais trop compris l’intérêt d’en faire un sujet de comédie, comme si la volonté – d’ailleurs souvent forcée – d’en rire enlèverait l’arrière-goût amer à cet arrêt de mort pour toute relation basée sur la confiance. D’où notre déception face au deuxième film de la réalisatrice Catherine Castel, qui a troqué le féminisme éclairé de ses débuts contre un humour douteux, au service d’une intrigue dont les tenants et les aboutissants ne le sont pas moins. L’histoire de Belle comme la femme d’un autre sombre en effet de plus en plus dans un vaudeville au ton lourd et empâté, jusqu’à un retournement final des rôles auquel il nous semble plus que difficile d’adhérer.
Les effets de transition entre les différentes séquences avaient sans doute pour but d’ajouter une touche enjouée à un récit, qui bat sinon sérieusement de l’aile. Ils accentuent au contraire un dérèglement narratif dont souffrent bon nombre de comédies françaises. A commencer par l’absence d’un point de vue clairement établi, à partir duquel le spectateur pourrait jauger les points forts et faibles des personnages. Tandis que Clémence est à l’origine de ce quiproquo adultère, elle en souffre plus que tous les autres participants réunis. Car Gabriel n’a visiblement attendu qu’une occasion en or comme la rencontre arrangée avec Olivia pour quitter cette femme à l’hystérie bien prononcée. Petit à petit, une caricature aussi creuse qu’outrancière à la fois, le raisonnement du scénario s’écroule misérablement.
Aucun plaisir n’est à tirer de cette publicité larvée pour la Réunion, où l’on est supposé assister à une ronde sans conséquences de couples qui se font et se défont au gré des arrivées et des départs. Sauf que l’approche de la réalisatrice est si sinistre, tel un mécanisme diabolique pour dégoûter l’humanité toute entière du mariage, que nous en viendrions presque à la plaindre pour tant d’aigreur et de désenchantement. Enfin, nous nous féliciterons simplement d’avoir su préserver un brin d’idéalisme romantique, après un tel exercice futile en termes de démontage d’une institution sociale certes pas parfaite, mais plus solide et épanouissante que la grisaille sentimentale de ce film veut nous le faire croire.
Vu le 14 janvier 2014, au Club Marbeuf
Note de Tootpadu: