Titre original: | Homefront |
Réalisateur: | Gary Fleder |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 100 minutes |
Date: | 08 janvier 2014 |
Note: |
Phil Broker est un des meilleurs agents de la brigade des stupéfiants. Grâce aux informations qu’il a récoltées en étant infiltré dans le gang de motards du caïd Danny T, ce dernier a pu être incarcéré et son fils tué lors de l’arrestation. Deux ans plus tard, Broker a pris ses distances envers son ancien travail. Depuis la mort de sa femme, il élève désormais seul sa fille Maddy, avec laquelle il s’est installé dans une ancienne plantation dans les bayous de la Louisiane. Broker cherche par tous les moyens à faire profil bas et à ne pas attirer l’attention. Lorsque sa fille est impliquée dans une bagarre à l’école et que les explications avec les parents de l’autre enfant tournent à l’altercation physique, c’en est fini de la tranquillité tant recherchée par Broker.
Le parcours de Jason Statham et Sylvester Stallone depuis Expendables (2010) semble être fait pour se croiser. Jason Statham représente en quelques sortes la relève de celui qui restera encore longtemps John Rambo et Rocky Balboa, c'est-à-dire des héros américains justes et droits capables de se battre pour de bonnes causes.
Le personnage de Phil Broker interprété par Jason Statham dans Homefront apparaît comme étant dans la même lignée que John Rambo. Le scénario du film avant d’être retravaillé était prévu initialement pour un cinquième volet pour Rambo. Ecrit par Stallone il fut proposé à Jason Statham. Il faut reconnaître que ce rôle correspond parfaitement au personnage que cet acteur personnalise de film en film. Homefront rend hommage à sa façon aux westerns qui ont marqué notre mémoire aussi bien L’homme des Vallées perdues (George Stevens, 1953) que du classique le Train sifflera trois fois (Fred Zinnemann, 1952). Ce héros solitaire qui va devoir affronter un gang de dangereux criminels à lui tout seul nous renvoie à cette thématique.
Dans les années 80, les films d‘actions reposaient sur des acteurs tels Arnold Schwarzenegger, Sylvester Stallone et en élargissant à Jean Claude Van Damme et autres Steven Seagal. De nos jours, le recours à des effets spéciaux et un changement de mentalité ont fait de Matt Damon, Jeremy Renner. Jason Statham contrairement à Vin Diesel et Dwayne Johnson est non seulement le digne successeur de ces héros des années 80 mais aussi un acteur complet aussi à l’aise dans une comédie, un film de science-fiction que bien entendu dans des films d’action. Dans ce film, il montre non seulement qu’il est à l’aise dans des scènes de combat (on le savait depuis Le Transporteur) mais aussi bien dans des scènes dramatiques. Pour la première fois qu’il interprète un père de famille dont la femme est morte d’une grave maladie et qui a la charge d’une petite fille, il s’en sort parfaitement. Choisissant parfaitement ses films, il a pu contribuer à défendre aussi bien de pures séries B mais aussi des films d’action très réussis comme encore récemment Safe et Le Flingueur.
La réalisation très convaincante de Gary Fleder (Le Collectionneur (1997), Le maître du jeu (2003) et plusieurs épisodes de séries américaines) donne un certain cachet guère présent dans des films d’action classique. Sa maîtrise de la direction d’acteurs donne enfin à Winoda Ryder et Kate Bosworth leurs meilleures rôles depuis longtemps. Il est aussi surprenant de retrouver dans le casting James Franco plutôt habitué à de grosses productions (saga Spiderman, La planète des singes) ou des films indépendants. Ce riche casting est une raison de plus d’apprécier ce film d’action aux scènes d’action percutantes.
Dans la catégorie des films d’action de l’année 2013, Homefront s’impose comme une des réussites indéniables et nous pouvons que trop vous le conseiller.. Les fans de Statham retrouveront leur acteur dans un de ses meilleurs films, les autres pourront passer un bon moment devant un film d’action intelligent et prenant.
Vu le 04 décembre 2013 à la Salle Universal, en VO
Note de Mulder:
La grande époque de Sylvester Stallone est finie depuis longtemps. Il s’accroche certes du mieux qu’il le peut et la dernière renaissance d’une carrière qui a connu son lot de hauts et de bas n’a rien de honteux. Mais puisque sa carrure de star mondiale est étroitement liée à ses attributs corporels, il est tout à fait normal que Stallone, à la soixantaine bien entamée, se mette progressivement en retrait pour laisser sa chance à la génération suivante. Ce qui ne veut pas dire que le héros de l’apogée idéologique de la Guerre froide ne s’efforcerait pas de faire perdurer justement les contes simplistes qui ont fait sa gloire sous des formes diverses. Le scénario qu’il a écrit pour Homefront ne relève nullement de la parodie navrante avec laquelle il gagne actuellement l’essentiel de son fond de retraite, grâce à l’univers des Expendables. Il s’inscrit davantage dans la longue lignée d’épopées réactionnaires, à la mode dans les années 1970 et ’80, où un héros solitaire devra affronter une bande de malfrats caricaturaux, contre laquelle il résiste bien sûr en ayant recours à une conception passablement barbare de l’autodéfense.
Rien d’original ne vient ainsi pimenter une intrigue, qui fonctionne comme une chaîne de dominos, où chaque mauvaise rencontre en appelle une autre aux répercussions encore plus néfastes que la précédente. Cette surenchère de la bêtise musclée est au moins traitée comme telle par la majorité des comédiens qui, de James Franco à Kate Bosworth, en passant par Winona Ryder, s’en donnent à cœur joie dans le cabotinage le plus démesuré. Curieusement, la vedette de cette entreprise à la seule et unique vocation commerciale s’en sort également plutôt bien, puisque Jason Statham fait pour une fois jouer son charme, alors que ce film est aussi ennuyeusement conventionnel que pratiquement tous les autres qu’il enchaîne à raison de deux ou trois par an.
Hélas, autant d’implication débridée n’est nullement récompensée par la mise en scène extrêmement routinière de Gary Fleder. Ce dernier compte en effet parmi ces réalisateurs à forte tendance de tâcheron, capables d’enlaidir un récit si joyeusement nostalgique que celui-ci par quelques choix formels plus que discutables. Le montage parallèle y est par conséquent aussi bancal que l’orchestration du grand affrontement final, dépourvu de toute logique et surtout douloureusement faiblard, quand il s’agit de faire détonner le seul suspense risible auquel cette histoire anémique a eu droit.
Vu le 18 décembre 2013, à la Salle Pathé François 1er, en VO
Note de Tootpadu: