Thirteen

Thirteen
Titre original:Thirteen
Réalisateur:Catherine Hardwicke
Sortie:Cinéma
Durée:100 minutes
Date:10 décembre 2003
Note:
Après avoir vu Evie et ses copines se "servir" froidement dans une boutique de mode, Tracy vole un sac à main richement garni. L'argent dérobé lui sert de viatique : il n'en faut pas plus que cela pour intégrer la bande, et après quelques plans fringues, Tracy devient la nouvelle protégée d'Evie. Avec les encouragements de son inséparable "mentor", relookée, tatouée, la langue et le nombril percés, Tracy découvre très vite les clés de la popularité et l'art de plaire aux garçons. Constatant chez Tracy les signes de plus en plus nombreux d'une dérive accélérée, Melanie finit pourtant par s'inquiéter et décide vaille que vaille de reprendre sa fille en main. Trop tard peut-être...
(Source Allociné)

Critique de Tootpadu

Pour certains, comme pour Tracy la protagoniste de ce film, la puberté commence quand on découvre des modèles, des personnes qui offrent un certain attrait, souvent l'admiration unanime de leur environnement. S'enclenche alors un processus de transformation chez les ados qui visent à ressembler à cet idéal, à trouver leur place dans un monde gouverné désormais par des plaisirs et vices d'adultes (drogue, sexe, piercing, ...). Si, en fin de compte, cette étape de mutation réussit dépend des individus, de leurs choix et des influences qu'ils subissent, mais dans le cas présent, c'est avant tout un malaise presque suicidaire qui se dégage, l'impression de n'avoir assisté qu'au premier épisode du long et rude combat que peut être la vie.
Après un début des plus convenus, avec une mise en scène qui se veut jeune et la présentation d'un décor excessivement banal, au fond duquel gronde néanmoins la menace, l'intrigue gagne doucement en intérêt à travers la lente descente aux enfers de Tracy, d'une fille qui joue avec des barbies et écrit des poèmes profonds jusqu'à une détraquée en échec scolaire, accro à toute sorte de drogues et à l'auto-mutilation. Cette justesse de ton, on la doit à un scénario pas tellement fin mais efficace, qui se garde des éclats pompeux pour mieux se concentrer sur l'incidence dans la vie de tous les jours de la déchéance progressive de Tracy. De même, du côté de l'interprétation, sans pour autant atteindre des sommets d'intensité, Evan Rachel Wood et Nikki Reed comme les deux filles qui veulent paraître cools et sexys faute de faire face à leur malaise existentiel, et Holly Hunter et Deborah Kara Unger comme leurs 'mères' imprègnent leurs rôles d'assez de sincérité pour les rendre attachantes. Car c'est surtout en la personne de la mère de Tracy (Hunter) que réside le centre nerveux de ce foyer déboussolé, en elle qui se voit vite dépassée par les frasques de sa fille et qui souhaite également aider Evie, dont la vraie vie est bien plus sombre que la surface brillante qu'elle n'affiche.
Enfin, on pourrait considérer "thirteen" comme la dernière partie d'une trilogie informelle des films sortis ces derniers mois sur la nouvelle génération des jeunes Américains. Très loin de l'univers finalement très niais et léché de leur contrepartie comique ("American Pie" et autres "Scary Movie"), les drames marquants qui sont "Elephant", "Ken Park" et celui-ci reflètent un mal de vivre perturbant, mais tout aussi percutant, et distillent une sympathie pour ces jeunes qui est à la hauteur de leur malaise.

Vu le 18 décembre 2003, à l'UGC Ciné Cité Bercy, Salle 30, en VO

Note de Tootpadu: