Calculs meurtriers

Calculs meurtriers
Titre original:Calculs meurtriers
Réalisateur:Barbet Schroeder
Sortie:Cinéma
Durée:121 minutes
Date:05 juin 2002
Note:
Richard et Justin sont deux lycéens que tout sépare : le premier est riche, arrogant, et manipulateur, tandis que le deuxième est un intellectuel solitaire. Ils s’associent pourtant afin de commettre le meurtre parfait, dont ils prévoient le moindre détail jusqu’aux méthodes d’enquête de la police d’un point de vue scientifique et psychologique. La commissaire Cassie Mayweather, en charge de l’investigation sur leur assassinat d’une femme choisie au hasard, remonte néanmoins jusqu’à eux, à cause de sa méfiance à l’égard des indices trop irréprochables pour être crédibles. Elle ne pourra cependant compter que sur son instinct pour suivre ses suspicions, puisque son nouveau co-équipier et ses supérieurs sont prêts à accepter la version des faits que les deux adolescents leur ont concoctée.

Critique de Tootpadu

La dernière incursion sur le terrain hollywoodien de Barbet Schroeder, à ce jour, ne nous fait point regretter que le réalisateur ait mis en suspension cette partie de sa carrière, pour œuvrer désormais en France. L’intrigue de Calculs meurtriers est en effet si décousue et les transitions entre les différents fils de l’action si laborieusement agencées qu’il devient presque impossible de s’enthousiasmer pour un récit, pourtant pas exempt de points intéressants. Légèrement en avance sur son temps quant au gagne-pain des séries policières à la mode pendant la deuxième moitié de la décennie passée, qui accordent beaucoup plus de valeur aux moyens hautement sophistiqués dont disposent les unités d’élite pour confondre un coupable qu’au volet moral de ces affaires interchangeables, l’histoire ne distille à aucun moment un suspense assez travaillé pour réellement intriguer.
Pourtant, c’est le maître du suspense en personne qui s’était déjà attelé à ce casse-tête narratif de rendre intéressant des meurtriers cyniques, dont le sport favori est de narguer ceux qui se doutent de leur culpabilité sans pouvoir la prouver, dans La Corde. Alfred Hitchcock et, soit dit en passant, Richard Fleischer avec Le Génie du mal s’en sont mieux sortis de cet exercice de style que Barbet Schroeder. Celui-ci ne paraît jamais tout à fait dupe de la parenté entre son film et l’épisode d’une banale sérié-télé, au point de jouer malicieusement sur cette ressemblance qui ne doit pas nécessairement dévaluer cette énième tentative de la part de Sandra Bullock de percer dans le registre dramatique. Les enjeux y sont par contre si vagues et les personnages décrits sans la moindre imagination, que la tension retombe longtemps avant le dénouement fâcheusement tributaire des fins à rallonge, qui avaient défiguré in extremis un grand nombre de thrillers des années 1990.
Depuis ce policier assez quelconque, son réalisateur ne travaille plus à Hollywood, alors que la moitié de sa distribution (Sandra Bullock et Ryan Gosling) y a fait carrière. Le sort de Michael Pitt et de Ben Chaplin, largement disparus des écrans après quelques choix discutables ulérieurs à ce film-ci, en dit plus long sur la nature impitoyable de l’usine à rêves que le parcours atypique de leurs confrères. La participation à cette production trop conventionnelle et impersonnelle pour charmer n’aura sans doute laissé, ni aux uns, ni aux autres, des souvenirs impérissables. Comme nous les comprenons face à un film, auquel il manque le genre de mise en question morale qui avait su distinguer le reste de la parenthèse américaine dans l’œuvre de Barbet Schroeder.

Revu le 13 mars 2012, au Magic Cinéma, Salle 2, Bobigny, en VO

Note de Tootpadu: