J.F. partagerait appartement

J.F. partagerait appartement
Titre original:J.F. partagerait appartement
Réalisateur:Barbet Schroeder
Sortie:Cinéma
Durée:108 minutes
Date:16 septembre 1992
Note:
Récemment arrivée à New York, Allie Jones compte bientôt épouser son amant Sam. Mais quand elle apprend par accident qu’il l’a trompée avec son ex-femme, elle le jette dehors et se met à la recherche d’une co-locataire pour son appartement spacieux à loyer régulé. Parmi les candidates, elle se décide pour Hedy Carlson, une jeune femme réservée et solitaire. Au bout de quelques semaines, cette co-location conviviale dégénère, lorsque Sam fait amende honorable et qu’Allie accepte de le reprendre. Dès lors, la jalousie de Hedy ne connaît plus de limite.

Critique de Tootpadu

L’exemplarité en termes de genre est à la fois le point fort et faible de ce thriller du début des années 1990. Dans le sillage du succès retentissant du Silence des agneaux de Jonathan Demme, les films peuplés de personnages psychopathes, qui nourrissaient amplement la paranoïa des spectateurs, pullulaient à cette époque-là parmi les productions hollywoodiennes. Dans un tel contexte, J.F. partagerait appartement doit d’abord être compris comme une sorte de condensé exhaustif de tous les dangers qui risquent d’ébranler notre perception de la vie quotidienne comme un espace à peu près préservé. Que la folie meurtrière prend son élan justement dans les recoins de l’intimité du personnage principal, qui ne peut s’en prendre qu’à lui-même pour l’avoir invitée dans son propre appartement, constitue la particularité la plus savoureuse de ce film solide, mais guère plus. Acculée dans ses derniers retranchements par la manipulation machiavélique de sa co-locataire, Allie n’a nulle part où aller pour s’armer contre l’assaut final de celle qu’elle avait perçue jusque là comme trop fragile et faible pour commettre de telles atrocités.
Les différentes erreurs de jugement sont ainsi ce qui fait essentiellement avancer une intrigue, qui se complaît autrement dans des stéréotypes psychologiques sommaires. A l’ingéniosité de la prémisse du film répond en effet une courbe de progression dramatique plutôt exsangue chez les personnages. Bien qu’ils ne soient pas tous logés à la même enseigne que Hedy, dont nous ne savons toujours pas trop si elle est le prototype d’une espèce de méchants aux troubles graves de la personnalité ou bien si elle n’en est au contraire que le cliché ambulant, il devient difficile de s’émouvoir de leur sort, tant leur ambiguïté morale tend à leur jouer des tours. Le regard toujours aussi nuancé de la mise en scène de Barbet Schroeder ne rend pour une fois pas tellement service à un récit, qui doit s’appuyer tant bien que mal sur un scénario assez schématique.
Peut-être l’approche plus viscérale généralement associée au style narratif de Brian De Palma aurait-elle mieux convenu à ce film, qui n’est jamais aussi jouissif qu’il aimerait l’être. Ce n’est certes pas faute d’avoir essayé, puisque les deux actrices principales, dont on n’entend plus du tout parler vingt ans après ce succès commercial, se dévêtissent régulièrement. Mais il manque cette petite touche d’excès, qui pousse la grandiloquence – indubitablement à l’œuvre ici – vers quelque chose de plus substantiel et à juste titre mémorable.

Revu le 12 mars 2012, au Magic Cinéma, Salle 1, Bobigny, en VO

Note de Tootpadu: