Titre original: | Doom Generation (The) |
Réalisateur: | Gregg Araki |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 81 minutes |
Date: | 15 novembre 1995 |
Note: | |
Jordan et Amy sont un couple de jeunes qui ne trouve pas sa place dans la société américaine. Un soir après un concert, ils prennent Xavier dans leur voiture. Cet homme aussi énigmatique que vulgaire les emmène dans une virée hallucinante, empreinte de violence et de sexe.
Critique de Tootpadu
La couleur est annoncée dès le générique avec le préavis qu'il s'agit bien ici d'un film "hétérosexuel" de Gregg Araki. Une classification qu'il vaut mieux prendre avec un peu de recul, tellement l'oeuvre du cinéaste, et notamment l'excellent Mysterious Skin, récemment sorti, est pourvu d'un état d'esprit plutôt gai ou, au moins, en dehors des sentiers battus. Avec son premier film sorti au cinéma en France, après quatre oeuvres indépendantes jusqu'à présent inédites, Araki se balade alors au bord de l'homosexualité, s'efforçant de créer une tension très mâle entre ses deux personnages masculins sans jamais y céder. Il met également tout en place pour voir ses trois héros s'adonner à un ménage à trois, avant que le destin scénaristique n'en décide autrement. En effet, le désir et la frustration de ne pas voir cette pulsation aboutir vont constamment côte à côte, ce qui rend le film dans son ensemble finalement assez peu satisfaisant.
Si l'expression de la volupté suit un chemin tortueux ici, celui de la violence n'est pas pour autant plus affirmé. A l'exception de la séquence finale, justement horrible à cause de ce qu'elle laisse supposer et non pas de ce que l'on verrait à travers les bribes de lumière, les actes violents sont certes présents, mais détournés par l'exagération comique. Ainsi, la tête coupée qui continue de parler ou le bras tranché dont les doigts s'agitent encore, ce sont des éléments d'un cinéma d'horreur survolté auquel Araki rendra d'ailleurs hommage plus tard (cf. l'extrait d'un film culte de Romero dans Mysterious Skin). Toutefois, le commentaire social acerbe guette toujours, comme par exemple la sensation d'écoeurement beaucoup plus forte lors d'un incident tragique avec un animal que face aux tueries multiples d'humains.
Survolté et résolument trash, ce film qui rêve tant d'être quelque chose qu'il n'est de toute évidence pas (hétérosexuel) - il suffit de voir les nombreux spectateurs lors d'une séance matinale particulièrement bien suivie - et qui ne prend pas la peine d'être ce que tout le monde attend de lui (homo), nous a finalement laissé sur notre faim en raison de son état hybride.
Vu le 12 avril 2005, au MK2 Beaubourg, Salle 4, en VO
Note de Tootpadu: