Pastorela

Pastorela
Titre original:Pastorela
Réalisateur:Emilio Portes
Sortie:Cinéma
Durée:87 minutes
Date:00 2012
Note:
Dans une petite ville mexicaine de 6666 habitants, la pièce religieuse de la Pastorela détient une grande valeur traditionnelle. Dans la paroisse du policier Chucho, ce dernier y a depuis toujours interprété le rôle prestigieux du diable, jusqu’à la mort soudaine du prêtre et de l’arrivée du remplaçant, qui décide de le confier à quelqu’un d’autre. Chucho ne compte pas se laisser faire et cela d’autant moins que la petite troupe de théâtre amateur va participer au concours national des pièces sur la Nativité.

Critique de Tootpadu

Il est hélas excessivement rare que l’on rigole sincèrement pendant un festival de Gérardmer. Dans le meilleur des cas, on se laisse emporter par ce genre de rire jaune, mêlé d’applaudissements, qui envahit toute la salle, quand le massacre à l’écran atteint un degré de violence, qui ne peut plus être apprécié à sa juste valeur – ni supporté par les âmes sensibles – que par un esprit collectif de dérision jouissive, dépourvu de la moindre connotation morale. Rien que pour remédier à ce désert de l’humour noir, l’inclusion de cette comédie mexicaine gentiment irrévérencieuse représente une bouffée d’air frais plus que bienvenue. Le niveau des blagues n’y vole jamais très haut, puisqu’il se borne à l’éternelle raillerie des hommes du clergé, qui font des choses – jurer, tromper, coucher avec des bonnes sœurs – qu’ils ne sont pas censés faire. De cette absence d’une réelle ambition critique à l’égard de l’institution religieuse découle en même temps une légèreté, qui ouvre grand la porte à un fourre-tout d’idées sans trop d’inhibitions.
Pour son deuxième film, le réalisateur Emilio Portes pioche gaiement dans tout ce qui a déjà fait ses preuves dans le cinéma populaire, avec un accent notable mis sur la période particulièrement libre, dans la forme et dans le fond, des années 1970. Pastorela devient le plus divertissant, si on le considère comme un mélange volontairement désordonné des films de la blaxploitation aux héros qui cognent d’abord et qui posent des questions après, des films d’horreur qui ne pouvaient compter que sur leur propre ingéniosité pour transformer la modestie de leurs moyens financiers en un avantage indéniable pour une prise de plaisir viscérale, et plus généralement de toutes ces séries B vulgaires mais fascinantes, pour lesquelles la prolifération des programmes télé et de la vidéo au cours de la décennie suivante, ces maudites années 1980, équivalait à un arrêt de mort aussi précoce qu’irréversible.
Après, il n’y a pas forcément grand-chose de profond à comprendre dans un film qui favorise les situations incongrues au détriment du développement des personnages, joliment caricaturaux et fâcheusement superficiels. Même le choix de certaines gueules ne débouche ici que sur de la rigolade sans conséquences, là où une galerie pareille de tronches uniques aurait pu donner un cabinet d’horreur encore plus inquiétant ou, au contraire, sensiblement plus iconoclaste.

Vu le 26 janvier 2012, à l’Espace Lac, Gérardmer, en VO

Note de Tootpadu: