Maison des ombres (La)

Maison des ombres (La)
Titre original:Maison des ombres (La)
Réalisateur:NIck Murphy
Sortie:Cinéma
Durée:107 minutes
Date:17 juillet 2012
Note:
En 1921, l’écrivain et chasseuse de charlatans Florence Cathcart est sollicitée par le professeur Mallory pour élucider l’apparition d’un fantôme dans son pensionnat à la campagne anglaise. D’abord réticente, la jeune femme érudite accepte finalement l’invitation. Elle ne mettra pas longtemps avant de découvrir l’auteur de la supercherie surnaturelle, qui avait causé la mort d’un élève. Alors que les enfants rentrent rassurés chez eux pour les vacances, Florence choisit de rester à cause de la présence inquiétante d’un fantôme qu’elle n’arrive pas à expliquer par son raisonnement scientifique.

Critique de Tootpadu

Puisque les exceptions – en l’occurrence le dernier Spielberg – confirment la règle, les films sur la Première Guerre mondiale n’ont pas la cote au cinéma. Ce conflit meurtrier et collectivement traumatisant s’est même assez vite fait voler la vedette en termes filmiques par son successeur indirect, au manichéisme tellement plus accessible et confortable que l’inertie des tranchées interchangeables. Si le grand événement historique a déjà perdu de sa superbe, ses séquelles psychologiques ont tendance à complètement passer à l’arrière-plan d’une description rétrospective, qui ne retient de l’entre-deux-guerres que les folles années 1920 et la montée du nazisme lourde d’appréhensions. Le point de distinction principal de ce premier film anglais est par conséquent de ne pas négliger ces souvenirs douloureux d’une apocalypse morale, qu’il est impossible d’évacuer de l’inconscient seulement trois ans après la fin des hostilités. Les personnages sont en effet dans l’incapacité de faire comme si de rien n’était, comme si la vie pouvait continuer comme avant, alors que le rôle de chacun pendant ce temps difficile, que ce soit l’impuissance face à l’omniprésence de la mort, ou bien la passivité, voire la lâcheté, en plein bouleversement majeur, a laissé des traces indélébiles chez eux. .
La justesse de l’évocation du contexte historique est quelque peu relativisée par la trop grande fidélité aux conventions du film d’épouvante dont La Maison des ombres se rend de plus en plus coupable. Tandis que l’incrédulité têtue du personnage principal retient encore une certaine fraîcheur pendant la première partie du film, axée sur le travail d’enquête digne des plus grands détectives, le comportement de plus en plus irrationnel de Florence empêche les débuts au cinéma du réalisateur Nick Murphy de se diriger vers un dénouement satisfaisant. Au plus tard quand la demeure hantée opère un revirement risqué vers un édifice psychologique beaucoup plus personnel, le récit perd son caractère effrayant pour quelque chose de clairement plus impénétrable.
Enfin, les maladresses récurrentes de la narration sont largement à imputer au montage hasardeux, pas à cause d'un rythme inapproprié, mais en raison de quelques choix de transition plus que discutables. Même la solidité de l'interprétation de la part de Rebecca Hall, Dominic West et Imelda Staunton peine à faire oublier cet agacement déroutant à plusieurs reprises.

Vu le 26 janvier 2012, à l’Espace Lac, Gérardmer, en VO

Note de Tootpadu: