Crustacés & coquillages

Crustacés & coquillages
Titre original:Crustacés & coquillages
Réalisateur:Olivier Ducastel, Jacques Martineau
Sortie:Cinéma
Durée:95 minutes
Date:30 mars 2005
Note:
Marc et Béatrix, un couple plutôt épanoui, part avec ses deux enfants, Charly et Laura, dans une maison au bord de la Méditerranée qu'une vieille tante leur a léguée. Alors que Laura part au bout de quelques jours avec son petit ami au Portugal, Charly a invité Martin, un copain d'enfance. A voir son fils en pleine puberté entretenir une relation affectueuse avec Martin, Béatrix croit tout d'un coup savoir qu'il est homosexuel. Une nouvelle que Marc, en père protecteur et moins tolérant que son épouse, a beaucoup de mal à accepter. Mais l'été ne fait que commencer, et les révélations sentimentales vont s'accélérer.

Critique de Tootpadu

Avec leur quatrième film en sept ans, le duo de Ducastel & Martineau se positionne encore un peu plus comme les cinéastes français les plus aptes et déterminés à sortir l'homosexualité au cinéma d'une niche confidentielle. Encore secondaire dans Jeanne et le garçon formidable, le thème des affinités masculines prend bien plus d'importance par la suite, d'abord à travers le voyage de réflexion dans Drôle de Félix, et ensuite par l'affirmation progressive dans l'adolescence sous la forme de Ma vraie vie à Rouen. Ici, l'approche est plus diversifiée et se laisse, approximativement, résumer par les rapports entre les générations, avec une petite touche coquine de faux semblant en prime.
Techniquement, le retour à un décor ensoleillé a entrainé, volontairement ou pas, une poursuite du style plutôt neutre des vagabondages de Sami Bouajila. Dans cette farce joyeuse qui n'en avait pas besoin, de toute façon, la comédie musicale est ainsi presque autant absente que la vidéo numérique et le dispositif particulier du film précédent des réalisateurs. Et si ceux-ci se permettent un court retour à leurs amours d'antan, le résultat manque de verve pour être autre chose qu'un rappel forcé (la séquence finale). Mais au fond, leur touche légère aide raisonnablement un récit qui tente peut-être un peu trop d'aborder des sujets sérieux sur le ton de la comédie.
Car si Ducastel & Martineau s'offrent le plaisir d'être les avocats de la cause gaie auprès du grand public, leur démarche n'échappe pas toujours à une certaine contrainte. A force de vouloir créer un univers tellement ouvert et compréhensif, ils se retrouvent avec un état des lieux passablement éloigné de la réalité. Tout est beau et paisible chez les deux compères et si tout un chacun n'est pas homo, il n'y a néanmoins pas trace de la moindre homophobie. Voir la vie en rose de cette manière peut paraître plaisant pendant une séance de cinéma et servir d'échappatoire à des jeunes en quête d'objets positifs d'identification, mais en fin de compte, cette légèreté assumée n'aura certainement pas le même impact émotionnel et social que des oeuvres plus révendicatrices.

Vu le 2 mai 2005, à l'UGC Ciné Cité Les Halles, Salle 15

Note de Tootpadu: