City Island

City Island
Titre original:City Island
Réalisateur:Raymond De Felitta
Sortie:Cinéma
Durée:104 minutes
Date:20 janvier 2010
Note:
Dans la famille de Vince Rizzo les secrets abondent. Cet agent pénitentiaire originaire du Bronx prend des cours dramatiques, tout en prétendant auprès de sa femme qu'il va jouer au poker. Sa fille Vivian a abandonné ses études et gagne désormais sa vie comme stripteaseuse. Et son fils adolescent Vinnie fantasme sur la voisine bien portante. Mais Vince n'a jamais parlé de son plus grand secret : il a un fils, issu d'une relation de jeunesse, qu'il a abandonné avant sa naissance. Lorsque cet homme, Tony Nardella, est admis dans sa prison et éligible pour une libération conditionnelle, Vince l'emmène chez lui, sans révéler sa véritable identité ni à Tony, ni à sa famille.

Critique de Tootpadu

Derrière la façade d'une famille à première vue exemplaire, logée dans le cadre d'un quartier au charme bucolique du Bronx, il se passe beaucoup de choses pas très nettes chez les Rizzo. Rien n'est ce qu'il paraît et les petites failles dans l'édifice familial risquent de le déchirer bientôt. C'est alors que l'outil dramatique le plus simple et efficace rentre en jeu : le rire. La disposition tragique de l'histoire de City Island est rapidement relativisée par un ton, qui alterne avec une assurance impressionnante entre un humour de situation décalé, mais jamais vulgaire, et des moments plus calmes et introspectifs. A chaque nouvelle bifurcation du récit, qui oblige le père bien intentionné, mais peu sûr de lui-même, de s'emmêler un peu plus les pinceaux, l'humanité des personnages, et par définition leurs imperfections, deviennent de plus en plus attachantes.
Le réalisateur Raymond De Felitta ne s'attarde en effet point sur un jugement moral des choix des personnages. Il s'intéresse davantage aux conséquences scénaristiques des mensonges de circonstance, qui arrangent tout le monde à un moment ou un autre, mais dont l'accumulation devient insoutenable à la longue. Les confrontations hautement hilarantes rythment ainsi un récit pratiquement sans faille. Et lorsque les membres de la famille ne sont pas en train de s'étriper verbalement, chacun accède de son côté à la réalisation de ses aspirations les plus intimes. Quelque part dans ce film très divertissant se cachent des observations pertinentes sur les obligations du système social de la famille, qui privilégie la poursuite du bien commun, serait-il factice, au détriment d'un épanouissement individuel. La conclusion doucement optimiste démontre par contre que la libération des cachotteries et autres malentendus peut déboucher sur un modèle familial assez moderne, où les lubies de chacun sont acceptées, à défaut d'être entièrement assimilées.
La brillance du scénario et la solidité de la mise en scène resteraient lettre morte, sans les interprétations fortes de l'ensemble de la distribution. Bien qu'Andy Garcia trouve ici un rôle avec lequel il s'est visiblement amusé, notamment dans la séquence de l'audition, où il commence une imitation très comique de son grand-père fictif Marlon Brando dans Le Parrain, avant de basculer aisément dans un registre plus authentique, il laisse aux autres personnages l'occasion de briller. Le spectre des générations d'acteurs est couvert avec beaucoup de classe et de sincérité, depuis le jeune Ezra Miller, jusqu'au vénérable Alan Arkin, en passant par Emily Mortimer, Julianna Margulies, ou encore Steven Strait.
Cela faisait longtemps qu'un film qui traite de sujets aussi sérieux ne nous avait pas autant fait rire en toute innocence. Rien que pour cet exploit notable, nous le recommandons chaudement !

Vu le 11 septembre 2009, au Morny Club, Salle 2, Deauville, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Pratiquement à la fin du festival de Deauville, voici la grosse claque cinématographique que j'attendais avec impatience ! Contrairement à mes attentes, ce film fut un vrai moment de cinéma, intense émouvant. A partir d'un sujet simple et anodin, soit une famille des environs de New York (un père gardien de prison, une mère secrétaire et deux enfants à problèmes), le réalisateur réussit à faire un film générationnel. L'arrivée du fils d'une femme de l'ancienne vie du personnage principal va permettre à chacun de s'ouvrir totalement au monde et se remettre sur la bonne voie.

Le personnage interprété avec une grande conviction par Andy Garcia, qui prend des cours de théâtre en secret, finira par aller jusqu'au bout de ses rêves et décrochera une audition pour un film de Scorsese. Le réalisateur a sélectionne son casting méticuleusement et s'est appuyé sur des comédiens en adéquation totale avec leur personnage. Julianne Margulies, qui a connu le succès avec la série "Urgences" est parfaite dans le rôle de l'épouse. Ezra Miller fut la révélation de "Californication" et joue le fils du personnage principal. On retiendra aussi la présence d'Alan Arkin et d'Emily Mortimer dans des seconds rôles importants. Quant à Andy Garcia, il est sidérant de réalisme ! Non seulement, c'est un des plus grands comédiens américains, capable de jouer dans de grosses et de petites productions , dont ce film est le fer de lance.

De ce film, je retiendrai deux scènes, qui m'ont totalement touché. La première est celle de l'audition, où Andy Garcia nous montre à quel point il a une puissance de jeu mémorable. De même, la scène finale où tout se dit est d'une émotion si brute, que je fus réellement ému.

Ce film est également un hymne à la famille recomposée, où chacun a son rôle à jouer. Le cinéma indépendant semble donc être le bon moyen pour que de grands comédiens puissent y trouver des rôles où ils excellent et retrouver surtout un plaisir communicatif de jouer. Ce film est donc à ce jour mon film préféré de ce festival et c'est avec un plaisir certain que j'irai le revoir !

Mon coup de cœur de ce 35ème Festival de Deauville !

Vu le 11 septembre 2009, au Morny Club, Salle 2, Deauville, en VO
Revu le 9 décembre 2009, au Club 13, en VO

Note de Mulder: