Wonderful world

Wonderful world
Titre original:Wonderful world
Réalisateur:Josh Goldin
Sortie:Cinéma
Durée:85 minutes
Date:00 2009
Note:
Autrefois une vedette de la chanson pour enfants, Ben Singer se morfond désormais dans les idées noires. Pour lui, la vie n'est plus qu'une immense manipulation de l'individu par "le boss", une entité abstraite qui gouverne sur les moindres détails de la société. Ben essaye de transmettre sa philosophie lugubre à sa fille Sandra, au grand dam de son ex-femme. Seul Ibu, le colocataire sénégalais de Ben, arrive à le persuader de temps en temps que le monde n'est pas complètement pourri. Quand Ibu tombe dans le coma diabétique et Ben perd son emploi de relecteur, cet homme aigri attaque la ville pour l'avoir empêché d'emmener son ami à l'hôpital. Mais l'arrivée de Khadi, la sœur d'Ibu, va apaiser ses mauvaises ondes.

Critique de Tootpadu

Même un film aussi modeste, d'un point de vue économique, que The Visitor de Tom McCarthy, lauréat à Deauville l'année passée, peut créer un petit sous-genre de drames sociaux. Certes, l'influence est sans doute minimale, mais le déroulement de l'intrigue de ces deux films est similaire sous bien des aspects. A commencer par l'attitude résignée et misanthrope du personnage principal. Walter Vale a beau être plus âgé que Ben Singer, les deux hommes ont atteint un point de non-retour dans leur vieillissement mental, sur lequel il sera pénible et pratiquement impossible de revenir. L'obsession de Ben de voir le verre à moitié vide en toute circonstance - un motif repris dans l'affiche américaine du film - lui occulte complètement la vue sur son propre mal de vivre.
La plupart des observations du protagoniste contiennent au minimum une part de vérité. Mais le fait de se laisser accabler par le fonctionnement injuste du monde, au point de perdre goût aux choses positives qu'il contient également, c'est jouer le jeu, et le perdre misérablement sans la moindre résistance, des forces négatives qui nous gouvernent. La remontée vers la surface pour reprendre un peu d'oxygène de la vie ne va pas être de tout repos pour Ben Singer. Et le point d'arrivée de l'histoire est assez ambivalent pour ne pas voir tout d'un coup l'existence à travers des lunettes roses-bonbon. Le regard mesuré du réalisateur Josh Goldin fait ainsi justement la force de cette histoire, qui aurait très facilement pu être très déprimante.
Sans niaiserie consensuelle, l'intrigue de Wonderful world emprunte plutôt la voie médiane, entre son titre idéaliste et l'attitude du rabat-joie qui lui sert de héros étonnamment sympathique. La vision du monde profondément déprimante de Ben Singer, nous la connaissons trop bien pour justifier notre propre passivité, qui se traduit par une immense perte de temps les jours de cafard. Ce film très honnête ne nous promet pas de solution miracle pour nous en affranchir. A sa façon modeste, mais sincère, qui se prolonge à travers des interprétations très solides, Matthew Broderick en tête, et une bande originale presque trop enjouée, il nous indique néanmoins que, faute de perfection dans ce bas monde, les petits plaisirs sont toujours bons à prendre.

Vu le 10 septembre 2009, au C.I.D., Deauville, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Ce film est le genre de film certes réussi, mais qui ne rapporte guère d'argent aux producteurs. Toutefois, il permet aux spectateurs de réfléchir à propos de la vie, de ses petits bonheurs et comment les événements peuvent nous dicter notre façon d'être.

Parfaitement écrit et mis en scène, le scénario du réalisateur Josh Goldin donne à Matthew Broderick un beau rôle de composition. Son personnage pense et vit négativement jusqu'à ce qu'il rencontre une belle et très intelligente Sénégalaise, la sœur de son colocataire. Sanna Lathan est également une belle révélation, par l'aura qu'elle dégage, par sa présence, et à travers le couple qu'elle forme avec Matthew Broderick. Nous pourrons ainsi voir des rôles de maturité pour ces deux excellents comédiens.

De nouveau, le festival de Deauville nous fait découvrir un nouveau réalisateur, qui malgré un budget que l'on sent étriqué, réussit son pari à nous conter une belle histoire originale et non formatée. Le cinéma américain ne devrait donc pas se cantonner uniquement aux blockbusters sans âme, mais aussi à ce genre de films, qui permet aux spectateurs de réfléchir sur sa condition humaine, sur ses craintes et surtout le pousser à aller jusqu'au bout de ses rêves.

Certes, ce film devrait trouver plus facilement sa place comme sortie en DVD, que dans nos salles de cinéma. Reste qu’il m'a donné envie de me remettre à l'écriture et qu’il devrait avoir une influence positive sur les spectateurs, qui auront la chance de le découvrir.

Vu le 10 septembre 2009, au C.I.D., Deauville, en VO

Note de Mulder: