Informant ! (The)

Informant ! (The)
Titre original:Informant ! (The)
Réalisateur:Steven Soderbergh
Sortie:Cinéma
Durée:109 minutes
Date:30 septembre 2009
Note:
En 1992, Mark Whitacre occupe le poste de cadre supérieur au sein d'un géant agroalimentaire américain. Il est responsable d'un nouveau programme de production de lysine. Après de nombreux contretemps dans la mise en place du projet, Whitacre apprend à ses supérieurs que la concurrence japonaise serait en train de le saboter. Le FBI est alors impliqué dans l'affaire et, sous la pression d'une possible enquête, Whitacre ne peut plus garder pour lui un autre secret industriel : la fixation des tarifs et des quotas entre son entreprise et ses concurrents internationaux. Les agents fédéraux se délectent du matériel compromettant que l'espion amateur leur transmet. Mais il y a tout de même quelque chose qui cloche dans cette affaire ...

Critique de Tootpadu

La seule constante dans l'œuvre de Steven Soderbergh, c'est que l'on peut invariablement être sûr d'être surpris. Ce réalisateur est un des rares à garder un esprit véritablement indépendant, ainsi qu'une conception de son art, qui interdit toute catégorisation hâtive de ses films, voire de lui-même. Son nouveau film se trouve à peu près au centre des deux extrémités de sa filmographie : ni expérimental avec son évocation plutôt classique d'un fait d'espionnage industriel qui a duré pendant la majeure partie des années 1990, ni grand public au point que la présence d'un acteur reconnu comme Matt Damon ferait oublier le cadre assez modeste de la production et sa morale plutôt complexe.
Le personnage Mark Whitacre, imaginaire et en même temps inspiré de faits réels (et toc !), ne dispose pas du même capital de sympathie que son confrère dans la délation Jeffrey Wigand dans Révélations de Michael Mann. Ses tricheries et autres mensonges sont également plus pitoyables que ceux de l'individu invisible en quête de reconnaissance qu'est Tom Ripley dans Le Talentueux Monsieur Ripley d'Anthony Minghella. Contrairement à l'assassin fourbe et réprimé, Matt Damon aborde ce rôle-ci avec une opacité qui convient tout à fait au caractère contradictoire de son personnage. L'intrigue passe en effet par différents stades d'identification ou, au contraire , de rejet à l'égard du protagoniste improbable. La cause de Mark Whitacre paraît d'abord noble. Mais le doute s'installe rapidement et insidieusement, ne serait-ce qu'à cause du manque de discernement manifeste de l'espion gaffeur. Le personnage principal devient insoutenable au plus tard, lorsqu'il commence à se perdre dans son propre réseau de mensonges et de demi-vérités. A moins que son plus grand exploit ne soit de duper tout le monde sans exception ...
L'ingéniosité de la mise en scène de Steven Soderbergh réside précisément dans ce jeu astucieux du chat et de la souris, qu'il mène avec le spectateur. Le but de l'intrigue n'est pas forcément la dénonciation de pratiques commerciales déloyales, mais l'exploration subtile des obstacles ou des accélérateurs de l'identification du public avec un héros, qui trahit plusieurs fois son intégrité morale, et avec elle, la confiance que nous avons investi en lui. En même temps, The Informant ! est un film dans lequel la musique et la voix off prennent une importance primordiale. Alors que la bande originale malicieusement enjouée du maître Marvin Hamlisch participe largement à la direction comique que le film prend de façon passagère, le monologue intérieur de Whitacre en guise de voix off brouille encore un peu plus les repères pour cerner ce personnage névrosé. L'emploi de ces deux dispositifs filmiques essentiels s'avère si prépondérant, que nous nous demandons bien si ce film fonctionnerait d'une manière entièrement différente sans eux ?

Vu le 9 septembre 2009, au Morny Club, Salle 2, Deauville, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Steven Soderbergh est capable d'alterner entre de grands films (Hors d'atteinte, Ocean's eleven) et des films décevants (Ocean's twelve, Che). Pourtant, quand il s'entoure d'un grand scénariste, d'un bon producteur et surtout d'un acteur souhaitant élargir son jeu, le résultat est réussi.

L'association du scénariste Scott Burns et de Matt Damon dans le rôle principal nous permet d'apprécier cette histoire d'un menteur maladif. Le fait de retrouver à l'écran également l'héroïne de la série "Mon oncle Charlie" et Scott Bakula ("Code Quantum") vient renforcer mon intérêt.

Steven Soderbergh montre qu'il trouve la pleine possession de son talent, quand il dirige une comédie de mœurs. Ce film semble ainsi être dans la mouvance d'Erin Brokovich, soit une comédie inspirée d'une histoire vraie.

La conférence de presse, qui suivit le film, m'a permis de mieux percevoir les qualités de ce film, qui a mis huit ans à se faire. Ce film, qui pourrait se voir comme une parodie du monde de l'entreprise, telle la série américaine avec Steve Carell. On pourrait aussi faire un rapprochement avec American Psycho, pour les commentaires en voix off, tout au long du film. Steven Soderbergh réussit donc, après les deux volets décevants du Che, à nous proposer une œuvre très bien ficelée.

Vu le 9 septembre 2009, au Morny Club, Salle 2, Deauville, en VO

Note de Mulder: