Psy d'Hollywood (Le)

Psy d'Hollywood (Le)
Titre original:Psy d'Hollywood (Le)
Réalisateur:Jonas Pate
Sortie:Cinéma
Durée:104 minutes
Date:12 juillet 2010
Note:
Après le suicide de sa femme, Henry Carter, le psychiatre attitré des puissants de Hollywood, sombre dans une dépression profonde, qu'il adoucit avec une consommation constante d'alcool et de pétards. Il n'en peut plus des peines et des névroses de sa clientèle huppée. L'invitation à une cure de désintoxication de la part de sa famille et de ses amis le pousse encore plus dans la solitude et l'ivresse. Une nouvelle patiente inversera sa descente aux enfers. La jeune Jemma a vécu un événement semblable à la tragédie de Carter. Elle pense s'en sortir seule, en séchant les cours pour s'adonner à sa passion de cinéphile. Mais le lycée l'oblige à consulter un psychiatre, si elle ne veut pas risquer le renvoi.

Critique de Tootpadu

Le réalisateur Robert Altman nous a malheureusement quittés il y a bientôt trois ans. Mais l'esprit de l'œuvre iconoclaste de ce maître du film choral perdure. Il a perdu beaucoup de son mordant et de sa superbe, entre les mains d'un artisan aussi consciencieux que Paul Haggis dans Collision. Mais une pâle copie du regard acerbe que Robert Altman portait sur l'Amérique en général, et sur son métier en particulier, est toujours préférable à l'extinction pure et simple de cette tradition de la satire sans ménagement. Dans ce contexte, le nouveau film de Jonas Pate peut être vu comme un mélange pas sans intérêt entre cette relecture affadie de l'œuvre d'Altman par ses successeurs auto-proclamés et les deux chef-d'œuvres hollywoodiens incontestables du cinéaste, que sont The Player et Short cuts.
La moquerie sur la vanité qui règne dans la Mecque du cinéma américain est en effet à peine voilée ici. Des condensés de comédiens au comportement pitoyable, aussi emblématiques que Julia Roberts, Colin Farrell, et Robert De Niro, passent en revue sur le canapé du psychiatre mentalement plus amoché qu'eux ou se croisent lors des événements routiniers qui constituent une carrière hollywoodienne. Dans ce film, Los Angeles n'est point la ville des anges et des paillettes, mais un microcosme narcissique au fonctionnement préoccupant. Shrink ne montre que la partie cachée de l'industrie du film, à la façon de Hollywood mistress de Barry Primus. Tandis que les comédiens tentent en vain de conformer leur vie personnelle à leur statut dans la hiérarchie commerciale de Hollywood - à moins que leurs frasques et leurs déceptions romantiques ne soient la preuve qu'un tel équilibre est impossible -, la seule à réellement tirer du plaisir des produits cinématographiques est Jemma. Mais chez elle aussi, la consommation de films correspond à un besoin d'évasion, pour ne pas devoir faire face à son trauma psychologique, déclenché par un fait bien réel.
La structure chorale du film s'articule assez finement autour de Henry Carter, un homme au bout du rouleau que Kevin Spacey joue sans complaisance. Son attitude passive et désenchantée n'y fonctionne point comme un incitateur à l'action, mais comme un véhicule, indispensable à chacun des personnages, qui lui tournent autour comme des comètes, pour affronter leurs démons. La mise en scène de Jonas Pate ne se lance guère dans des morceaux de bravoure. Mais elle sait orchestrer cet ensemble d'histoires, qui se recoupent toutes à un moment ou un autre, tout en préservant l'honnêteté du portrait des personnages, cachée par nécessité sous une couche épaisse de faire semblant. Ainsi, au paradis de l'apparence qu'est Hollywood, le malheur psychologique sonne agréablement juste, dans ce film trop frileux et sage pour être réellement digne de son inclusion dans la tradition des grands pamphlets filmiques de Robert Altman.

Vu le 8 septembre 2009, au C.I.D., Deauville, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Los Angeles est le berceau de l'industrie du cinéma. Acteurs, réalisateurs, scénaristes et passionnés de ce média se côtoient dans les méandres de cette cité des anges. Des films comme The Player de Robert Altman et Panique à Hollywood de Barry Levinson nous ont déjà montré que derrière la vitrine idyllique, les mœurs de cette industrie du cinéma sont assez dégantées.

Shrink ne déroge pas à la règle et nous trace le portrait d'un psychiatre dépressif, qui a perdu sa femme (suicide), d'une adolescente fugueuse, d'un producteur et d'acteurs. La plupart de ces personnages sont cassés de l'intérieur et se réfugient dans la drogue ou dans la violence. Porté par un Kevin Spacey en pleine possession de ses moyens, au point qu'on se demande s'il joue réellement un personnage ou s'il se joue lui-même, ce film indépendant se laisse regarder avec un certain plaisir.

Certes, la linéarité du scénario ne propose guère de rebondissements, mais un aperçu juste de la société américaine. Je pourrais uniquement reprocher à ce film sa lenteur excessive. S'il est projeté dans une salle près de chez vous et que, comme nous, vous êtes passionnés de cinéma, je ne saurai trop vous conseiller de ne pas le rater !

Vu le 8 septembre 2009, au C.I.D., Deauville, en VO

Note de Mulder: