Ames en stock

Ames en stock
Titre original:Ames en stock
Réalisateur:Sophie Barthes
Sortie:Cinéma
Durée:101 minutes
Date:05 mai 2010
Note:
L'acteur Paul Giamatti se sent comme oppressé par le nouveau rôle qu'il interprétera sur scène dans une adaptation d'"Oncle Vanya" de Tchekhov. Dans un magazine, il lit par hasard un article intriguant sur un service de stockage d'âmes. Il consulte le docteur Flintstein, responsable de cette révolution médicale, qui lui extraie son âme trop encombrante. Mais l'intervention plonge le comédien dans un état d'euphorie et d'insouciance, qui ne convient nullement à son rôle. Il retourne alors auprès de Flintstein, qui lui implante l'âme d'un poète russe.

Critique de Tootpadu

L'esprit si particulier de Dans la peau de John Malkovich de Spike Jonze vit une nouvelle jeunesse avec ce premier film de Sophie Barthes, un conte mi-philosophique, mi-fantastique sur l'importance de l'âme. Par le simple fait hallucinant de la séparation de l'âme du corps et de son échange à volonté, le scénario de Barthes explore un terrain habituellement peu fréquenté par le cinéma, par peur de brusquer les différentes croyances religieuses, ou pire encore, les spectateurs athéistes, rarement intéressés par un tel sujet spirituel. Afin d'éviter de devoir trop rentrer dans les détails et les particularités de ce que constitue une âme, Cold souls l'apparente à un centre nerveux, émotionnel et sensoriel, qui garantirait en quelque sorte l'empathie humaine, le talent, ou tout simplement ce qui fait de chacun d'entre nous un individu unique. Avec cette définition générale sans risque de controverse possible, ce film curieux nous embarque dans une histoire aussi comique que tragique, aux confins de ce que nous croyons savoir sur la vie et la mort.
Paul Giamatti est au mieux un John Malkovich du pauvre, un acteur qui excelle dans des rôles qui sont justement dépourvus du charme magnétique et inquiétant de son confrère. Il prolonge cette étude sur la névrose et l'exclusion auto-imposée à travers son personnage, que l'on soupçonne d'être moins le Paul Giamatti de la vie réelle, que la continuation théorique au quotidien de la somme de ses personnages tourmentés et malheureux. L'acteur s'acquitte de cette mise en abîme astucieuse avec les honneurs, en ne laissant jamais ses craintes existentielles et son penchant pour le cabotinage prendre le dessus sur une intrigue agréablement originale.
La réalisatrice jongle adroitement entre la dimension fantastique du récit, personnifiée d'une manière plutôt clinique par le docteur Pierrafeu, interprété par un David Strathairn joliment grisonnant, et un volet davantage préoccupé par des problèmes contemporains, comme l'immigration clandestine motivée par le trafic d'organes grâce aux mules humaines et l'exploitation du peuple russe par les nouveaux riches et des scientifiques américains peu scrupuleux. A cause de cette dualité thématique, le ton du film demeure dans un équilibre délicat, mais pas tout à fait passionnant. Pas assez loufoque pour s'engager sans retenue dans le délire des âmes égarées, mais pas non plus suffisamment sérieuse pour traiter sereinement du calvaire du personnage annexe de Nina, la narration emprunte la voie d'une douce poésie filmique, amusante et réfléchie en même temps.

Vu le 7 septembre 2009, au C.I.D., Deauville, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Ce film qui nous conte les déboires de Paul Giamatti, dans son propre rôle, alors qu'il est en pleine répétition de la pièce "Oncle Vanya". Paralysé par son anxiété, il tombe sur un article du New Yorker, présentant une société high-tech ayant réussi à extraire l'âme humaine de personnes souffrants de troubles. Cependant, après extraction, son âme est volée par un riche industriel russe et réinjectée dans le corps d'une starlette à Saint Petersbourg. Paul Giamatti tentera alors de s’injecter l'âme d'une ouvrière mais en vain, et fera tout pour retrouver sa propre âme.

Ce film est donc à lui seul un ovni, produit évidemment par arte, et renvoie à l'univers décalé de Spike Jonze (Dans la peau de John Malkovich). Il faut ainsi beaucoup de temps avant de rentrer réellement dans le film. On est en face d'un film guère optimiste sur le monde des comédiens en proie au manque d'inspiration.

Tout le film repose sur les épaules de son acteur principal et m'a permis de découvrir une fois de plus une nouvelle réalisatrice, Sophie Barthes. Sachant dores et déjà que ce film ne passera pas sur les chaînes du service public, et encore moins sur TF1, je ne saurai trop vous conseiller de ne pas le rater lors de sa diffusion tardive sur arte.

Une nouvelle fois, un tel projet n'aurait jamais pu se monter dans un grand studio visant la rentabilité de chaque long-métrage. Ce film se perçoit comme un film d'art et essai, qui permet au spectateur de faire sa propre introspection.

Vu le 11 septembre 2009, au Morny Club, Salle 2, Deauville, en VO

Note de Mulder: