When you're strange

When you're strange
Titre original:When you're strange
Réalisateur:Tom DiCillo
Sortie:Cinéma
Durée:82 minutes
Date:09 juin 2010
Note:
De leur création en 1966 jusqu'à la mort de Jim Morrison en juillet 1971, le groupe The Doors est l'une des associations musicales qui condensent le mieux l'esprit contestataire qui régnait à cette époque riche en bouleversements sociaux et politiques. Parfois comparés aux Rolling Stones, The Doors ont su polariser l'opinion publique et faire progresser à la fois la musique et les mœurs à travers leurs disques et leurs concerts légendaires. Avec le poète narcissique Jim Morrison comme figure de proue, The Doors ont su influencer durabelement l'histoire de la musique, malgré la courte durée de leur existence, de cinquante-quatre mois seulement.

Critique de Tootpadu

Des Doors, nous connaissions déjà la version fictive largement personnelle, pour rester poli, d'Oliver Stone. Et leurs chansons emblématiques ornent sans exception la bande son des films, qui évoquent d'une façon ou d'une autre la guerre du Vietnam. Mais pour réellement savoir d'où nous est venu ce mythe des temps modernes, qui a changé la face du Père Lachaise à jamais, le matériel filmique a été jusqu'à présent plutôt peu abondant. Le réalisateur indépendant Tom DiCillo, abonné depuis presque vingt ans aux comédies au ton décalé, rattrape ce retard en nous présentant un documentaire aussi informatif pour les néophytes qu'enthousiasmant pour les fans indécrottables des Doors.
Sans difficulté notable, DiCillo fond une récolte confortable de films d'archives dans une chronique fascinante de la montée et de la déchéance du groupe mythique. Le but de son documentaire n'est guère de mettre en perspective l'héritage musical et social des Doors, grâce à un enchaînement conventionnel de commentaires des témoins assagis de l'époque. Au contraire, le fait que seuls des documents d'époque ont été inclus dans When you're strange permet un plongeon complet, corps, âme et oreilles, dans l'âge utopique de la liberté infinie, qui faisait rêver et planer les jeunes de la fin des années 1960. La pureté de cette approche n'implique cependant pas forcément un simple enchaînement chronologique des étapes de la carrière des Doors. La narration, assurée par Johnny Depp, et le montage astucieux, qui rythme le film par une sorte de home movie de Jim Morrison, en quête d'on ne sait pas trop quoi au fil d'une balade en voiture à travers le désert, dévoilent un point de vue unique et forcément partiel/partial sur un sujet, qui englobe tous les souvenirs de jeunesse de la génération actuellement au pouvoir.
L'impression que cherche à véhiculer ce documentaire est celle d'une sorte d'idéalisme passablement narcissique, voire nombriliste de la part de Morrison, qui a su vivre passionnément, mais pas durablement. Il ne s'en dégage pas forcément une expérience illuminante, comme l'aurait voulu apparemment le réalisateur, qui trouvait très opportune la présentation à Deauville de son film un dimanche matin, alors que l'on devrait tous être à l'église à cette heure-là, selon le canon religieux et social pré-Doors. Son accomplissement n'est pas pour autant moins méritoire, puisqu'il permet un retour en arrière fascinant, vers une époque où les contestataires contre le statu quo étaient suffisamment naïfs ou défoncés pour croire qu'un changement profond de notre civilisation était possible. Hélas, ce ne sont pas tellement la célébrité et l'argent qui ont fait imploser le modèle The Doors, mais le style de vie hautement auto-destructeur de Jim Morrison, ainsi que les temps qui changent et qui, sait-on jamais, changerons encore réellement un jour lointain.

Vu le 6 septembre 2009, au C.I.D., Deauville, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Le festival de Deauville a l'excellente idée chaque année de nous proposer des documentaires rares et intéressants. Ce documentaire présenté dans le cadre de la sélection de l'oncle Sam est un bon cru.

Ce documentaire permet de rendre hommage à Jim Morrison. Son groupe The Doors fut l'un des plus importants de l'histoire de la musique. En même temps que les Beatles et les Rolling Stones en Angleterre, The Who et les Doors s'imposaient comme les groupes incontournables des années 1970 aux Etats-Unis. Ce documentaire dresse le portrait de la création de ce groupe, jusqu'à sa fin, à partir d'archives rares.

Jim Morrison est décrit tel qu'il était : un pur génie créatif en proie à l'alcoolisme et à la drogue. Le témoignage de Johnny Depp rend ce documentaire très sympathique. Nous savons que ce grand comédien est également un assez bon guitariste et surtout un passionné de musique. Son look de Jack Sparrow découle ainsi de Keith Richards.

Au vu de la force de ce film, on espère que Tom DiCillo continuera son approche du rock et nous dressera bientôt un portrait d'autres groupes comme AC/DC, les Rolling Stones, voire U2 !

La sortie de ce documentaire en DVD devrait connaître un certain succès si son distributeur Rhino a la bonne idée de le sortir en coffret collector avec la bande originale.

Vu le 7 septembre 2009, au Casino, Deauville, en VO

Note de Mulder: