Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran

Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran
Titre original:Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran
Réalisateur:François Dupeyron
Sortie:Cinéma
Durée:94 minutes
Date:17 septembre 2003
Note:
Moïse, 16 ans ou presque, habite seul avec son père dans un petit appartement étroit du 9ème arrondissement au début des années 1960. De sa fenêtre, il peut observer les prostitués qui font le trottoir en face, dans la rue Bleue, et, à son âge, il est avide d'une première expérience. Dans la même rue se trouve le magasin du vieux monsieur Ibrahim qui se lie d'amitié avec le garçon juif et lui apprend à sourire pour devenir heureux.

Critique de Tootpadu

Après le très beau "C'est quoi, la vie ?" et l'également réussi, en dépit de son académisme, "Chambre des officiers", François Dupeyron nous entraine dans le passé à mi-chemin entre le cadre temporel de ses deux films précédents. Elle n'est certes pas là, la force de cette oeuvre attachante, au point que l'on se passerait bien d'une des nombreuses chansons d'époque, mais ce retour dans une France d'une autre époque confère une portée plus universelle à cette histoire d'une amitié qui dépasse les différences d'âge et de religion. Le message n'est bien entendu pas très novateur, mais utile à être rappelé de temps en temps et Dupeyron nous livre sa version des années 1960 plein de tendresse et de modestie.
Ce film donne également la bien trop rare occasion de revoir le légendaire Omar Sharif dans un bon film et dans un rôle important, la première fois que l'on entend parler de lui en dehors des faits divers de célébrités depuis "Le 13ème guerrier", il y a quatre ans. Son regard, qui, à l'apogée de sa carrière justement au même moment que l'intrigue du film se déroule, faisait fondre le chocolat, reste toujours intact et son charme et son sourire font de ce vieux Monsieur Ibrahim un sage auquel il est impossible de résister.
La lente avancée de la maturité de Moïse, dit "Momo", est symbolisé à la fois par ses premières expériences sexuelles et amoureuses, toutes les deux dépeintes avec une pudeur complice, et par les bouleversements dans sa vie familiale qui l'emmèneront loin de l'espace confiné de Paris. Cette dualité de l'espace fait miroir à la structure du film précédent de Dupeyron, où l'étendue des champs de bataille était mutilée pour faire place aux salles d'hôpital poisseuses. Ainsi, Moïse se libère des pièces sombre de l'appartement de son père névrosé (Gilbert Melki dans une interprétation tortueuse et efficace) pour se retrouver dans les vastes plaines de la Turquie déserte.
Notons enfin une apparition amusante d'Isabelle Adjani qui fait d'une certaine façon suite à son rôle dans "Bon voyage" et contentons nous de résumer que "Monsieur Ibrahim" aurait pu être un très grand film, mais qu'il n'est en fin de compte 'que' une histoire de tolérance et d'amitié fort habile, ce qui est tout à fait satisfaisant !

Vu le 23 septembre 2003, au MK2 Nation, Salle 2

Note de Tootpadu: