Titre original: | Charade |
Réalisateur: | Stanley Donen |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 113 minutes |
Date: | 18 décembre 1963 |
Note: | |
Pendant ses vacances à Megève, Reggie Lampert décide de demander le divorce à son mari. Mais de retour à Paris, elle découvre avec effroi que son appartement a été complètement vidé, et que son mari a été assassiné dans un train, en direction du sud. Alors qu'elle se sent incapable d'aider la police, ne sachant finalement pas grand-chose de son mari, Reggie est convoquée à l'ambassade américaine par le responsable des services secrets Hamilton Bartholomew. Celui-ci lui apprend que feu Monsieur Lampert aurait été en possession d'un quart de millions de dollars. Ses anciens camarades de guerre l'auraient tué pour récupérer cet argent, volé à l'époque aux Allemands. Bartholomew incite Reggie de coopérer, si elle ne veut pas finir comme son mari. Apeurée, la jeune femme se tourne vers Peter Joshua, qu'elle a rencontré dans les Alpes.
Critique de Tootpadu
Stanley Donen joue à Hitchcock dans ce policier au charme désarmant. Il procède cependant d'une façon différente de celle du maître du suspense. Son récit opère en effet sur deux trames bien distinctes, qui se croisent ou demeurent parallèles, un peu comme les lignes aux couleurs très pop du générique de Maurice Binder.
D'un côté, le scénario excelle dans les ruses d'une enquête policière aux revirements multiples. Chaque fois que le spectateur croit savoir à quoi s'en tenir, de nouvelles motivations des personnages sont révélées, avec comme pièce maîtresse l'ambiguïté morale de Cary Grant, qui n'avait pas tenu un rôle aussi douteux depuis Suspicion d'Alfred Hitchcock justement. Certes, ces bifurcations soigneusement étudiées de l'intrigue ne paraissent plus trop complexes de nos jours, pour un public habitué aux histoires à tiroirs à la Usual Suspects et ses successeurs pour la plupart indignes. Et la cachette du butin ne fait plus illusion après plusieurs visionnages. Mais l'action est assez dynamique pour représenter un divertissement de haut vol.
La qualité plus subtile du film, et c'est là que nous arrivons à l'autre côté du récit, c'est le rôle emblématique joué par Audrey Hepburn. La progression de son personnage passe en revue à peu près toutes les positions de soumission ou de domination féminine : de la mondaine blasée, en passant par la terreur face à la violence masculine, jusqu'à un regain d'autonomie en tant qu'espion amateur, qui s'évapore en fin de compte face à un possible bonheur conjugal, sous forme de remplacement maternel. Evidemment, le ton est assez léger et le charme de l'actrice opère sans réserve, mais ses rapports avec la bande de gangsters plus aguerris qu'elle, qu'elle n'arrive pas à mener par le bout du nez autant qu'elle le souhaite, sont pour le moins empreints d'une fascination troublante.
Enfin, pas besoin d'avoir vécu longtemps à Paris pour se rendre compte que la géographie filmique est plutôt fantaisiste ici. Pendant que quelques monuments touristiques de la capitale sont bien mis en avant pour renforcer l'attrait soi-disant dépaysant du film, nous avons le plus grand mal à croire que la station de métro Saint Jacques ait fait partie de la ligne 1 dans les années 1960 !
Revu le 25 mai 2008, au Mac Mahon, en VO
Note de Tootpadu: