Ben X

Ben X
Titre original:Ben X
Réalisateur:Nic Balthazar
Sortie:Cinéma
Durée:93 minutes
Date:19 mars 2008
Note:
Ben est un garçon hypersensible et hyperactif. Tous les matins, il joue à Archlord, un jeu en ligne dans lequel son personnage excelle, grâce à l'aide de sa compagne virtuelle Scarlite. Mais dans la vie réelle, Ben mène une existence infiniment moins glorieuse. Harcelé par ses camarades de classe, qui ne cherchent pas à comprendre ses troubles psychologiques, et traîné d'un médecin à l'autre par sa mère trop protectrice, Ben est de plus en plus frustré de devoir tout apprendre au nigaud qu'il voit tous les matins dans la glace.

Critique de Tootpadu

Les jeux vidéos et autres univers parallèles en ligne font partie intégrante de la vie de tous les jours de la génération, qui traverse actuellement son adolescence. Comment la perception du monde est-elle modifiée, du point de vue de ces jeunes, par l'immersion régulière dans des décors imaginaires et en quoi cette identité fictive influe-t-elle sur leur comportement dans la réalité ? Ce film belge paraît au début vouloir répondre à ces interrogations bien dans l'air du temps. Pour cela, il allie l'esthétique du jeu à la représentation d'un quotidien morne et frustrant. Le contraste entre les prouesses sur ordinateur et l'humiliation permanente dans un monde, qui se dérobe d'autant plus à l'emprise du héros fantastique, est alors des plus saisissants.
L'introduction de l'élément pathologique dévie le but du film vers un pamphlet contre la maltraitance des handicapés mentaux. Très loin de la complaisance d'un Rain Man, Ben X fait alors plus penser à l'Elephant Man de David Lynch, notamment dans des scènes éprouvantes d'humiliation, qui font apparaître le spectre entier des traits de caractère abjectes de l'homme. La charte graphique du film, déjà particulièrement chargée auparavant, se met désormais au service du point de vue quelque peu névrosé du protagoniste, sans plus y apporter grand-chose.
Et puis pour finir, la sollicitation permanente des sens s'élargit même au dilemme moral de l'acte désespéré de la victime. La forme de plus en plus embrouillée déteint sur la narration, qui s'engouffre complètement dans le délire de Ben. Rien de mal à cela, sauf que Nic Balthazar ne fait pas suffisamment confiance à l'ambiguïté de son récit et qu'il se croit obligé de sortir de la perception déformée du monde de la part de Ben, pour remettre les pendules à l'heure lors du dernier plan.
Les maladresses formelles ne s'arrêtent malheuresement pas là, puisque tout le dispositif des entretiens des proches de Ben fonctionne au mieux passablement pour structurer la narration. Même l'intensité de Marijke Pinoy, le sosie flamand d'Amy Madigan, dans le rôle de la mère, ne réussit pas d'établir un lien fiable entre les délires visuels et fictifs du film, et la cruauté des dysfonctionnements sociaux qu'il déplore un peu trop simplement.

Vu le 11 février 2008, au Club de l'Etoile, en VO

Note de Tootpadu: