Titre original: | Grand saut (Le) |
Réalisateur: | Joel Coen |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 106 minutes |
Date: | 12 mai 1994 |
Note: | |
En 1958, le jeune Norville Barnes arrive à New York, plein d'ambitions et avec un diplôme en économies de l'université de Muncie en poche. Faute d'expérience, le seul travail qu'il arrive à décrocher est comme distributeur du courrier au sein de l'entreprise Hudsucker Industries. Le PDG, Waring Hudsucker, vient de se jeter du 44ème étage de son immeuble et le conseil d'administration et le vice-président Sidney J. Mussberger sont effarés par la mise en vente de ses parts à la fin de l'année, selon les règles de l'entreprise. La solution : promouvoir un imbécile au poste de président pour faire chuter le prix des actions et tout racheter par la suite à moindres frais. Norville Barnes paraît correspondre parfaitement à l'homme naïf recherché.
Critique de Tootpadu
Les frères Coen n'ont pas lésiné sur les moyens avec ce conte hybride, qui avait ouvert le festival de Cannes à l'époque. La reconstitution des années 1950 d'une façon fort stylisée, comme si on les observait à travers le voile de l'artifice cinématographique, est exquise. La photographie magistrale de Roger Deakins et les décors somptueux de Dennis Gassner permettent de créer un monde qui n'a plus rien à voir avec la réalité, mais qui permet une immersion complète dans l'univers de la fiction.
La narration est complètement débridée et elle puise abondamment dans trois sources de références divergentes. Le Grand saut peut en effet être considéré comme un mélange parfait des styles marquants de Tim Burton, Terry Gilliam et Frank Capra. De Burton, il récupère les décors menaçants, tout droit sortis d'un roman du XIXème siècle, ainsi qu'une vue oppressante de la métropole. De Gilliam, l'univers glauque des sous-sols enfumés. Et puis, Capra et les comédies pétillantes des années 1930 livrent le fond socialement édifiant à l'intrigue, qui se permet néanmoins quelques personnages à la nervosité divertissante.
Que tout cela donne non pas un mélange indigeste, mais un spectacle de cinéma jubilatoire est principalement dû au rythme effréné des frères Coen, à la fois au niveau du scénario et de la mise en scène. Les gags et les prouesses visuelles fusent de tous les côtés, sans pour autant perdre de vue les implications cruelles du monde industriel.
Enfin, Tim Robbins brille une fois de plus, au sommet de la trop courte période faste de sa carrière, de 1992-94. Et Jennifer Jason Leigh apporte assez de fougue à son personnage pour faire oublier ses revirements de conscience un peu trop abrupts.
Revu le 18 octobre 2007, en DVD, en VO
Note de Tootpadu: