Sophie Scholl - Les derniers jours
Titre original: | Sophie Scholl - Les derniers jours |
Réalisateur: | Marc Rothemund |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 120 minutes |
Date: | 12 avril 2006 |
Note: | |
En février 1943, la jeune étudiante Sophie Scholl et son frère Hans sont arrêtés par la Gestapo pour avoir diffusé à l'université de Munich des tracts appelants à la fin de la guerre. Accusée de haute trahison, Sophie campe sur ses positions et n'abandonne pas ses idéaux face aux méthodes menaçantes et expéditives de la justice allemande.
Critique de Tootpadu
L'Allemagne se souvient de ses héros de la résistance. Le récit des six derniers jours de Sophie Scholl, une des militantes de la "Rose blanche", s'inscrit dans le souci constant de la démocratie fédérale d'outre-Rhin de ne pas oublier son histoire douloureuse, qui s'éloigne irrémédiablement. Le potentiel de controverse est cependant plus réduit ici que dans La Chute qui posait la question de la perte de l'humanité en temps de guerre d'une façon bien plus ambiguë. Dans ce film d'une grande sobriété, à une ou deux exceptions près, qui avait entre autre été nommé à l'Oscar du meilleur film étranger et qui a connu un succès public important dans son pays (plus d'un million de spectateurs), le courage et la fermeté de la conscience de Sophie Scholl ne sont jamais vraiment mis en doute. Au cours d'une procédure judiciaire honteuse qui donne à elle seule raison au combat de la résistante, les valeurs et les doutes de cette dernière sont évoqués dans la plus pure tradition des contes de martyrs.
Pour son troisième film, le réalisateur Marc Rothemund sonde en effet avec la plus grande application les tourments d'une jeune femme qui n'est guère découragée par la peine certaine qui l'attend. Pendant six jours, il reste au plus près de son protagoniste. La caméra le quitte à peine pour effleurer des rencontres passagères avec d'autres femmes au sein du palais de justice (la greffière, la compagne de cellule, la geôlière). De cette façon directe, sans fioriture, d'évoquer le destin tragique d'une femme injustement condamnée naît simultanément un très grand impact émotionnel et l'impression d'un froid esthétique peu séduisant. En s'arrêtant aux simples faits, Rothemund nous donne une leçon d'histoire bouleversante, mais d'un point de vue cinématographique, son film reste trop sage et sobre, un peu comme celui d'Oliver Hirschbiegel. La dure réalité des événements prime ainsi sur le regard personnel d'un cinéaste qui respecte fidèlement le souvenir d'une femme exemplaire.
Le retrait de la mise en scène a évidemment pour but de rendre l'interprétation centrale encore plus tranchante. Et effectivement, Julia Jentsch traduit très bien la nature intransigeante de Sophie Scholl, qui a préféré mourir plutôt que trahir sa conscience. L'intensité de son jeu ne laisse par contre pas assez de place pour la vulnérabilité, un trait de caractère que nous sommes surpris de retrouver chez son adversaire, l'agent Mohr. La finesse de ses deux prestations remarquables lors des interrogatoires ne se retrouve malheureusement pas au moment du procès, lorsque le juge fait preuve d'une exagération même démesurée pour un personnage aussi redouté que Roland Freisler.
Enfin, l'élément qui dénote dans ce film qui ne fait guère étalage de son importance est la musique trop appuyée. Alors que le choix stylistique, assez contemporain, peut prêter à la discussion, c'est l'emploi manipulateur qui dérange considérablement dans le cadre d'un film qui n'ose autrement pas prendre le spectateur émotionnellement en otage.
Vu le 3 avril 2006, au Club Marbeuf, en VO
Note de Tootpadu: