On murmure dans la ville

On murmure dans la ville
Titre original:On murmure dans la ville
Réalisateur:Joseph L. Mankiewicz
Sortie:Cinéma
Durée:107 minutes
Date:03 octobre 1952
Note:
Le Dr. Noah Praetorius, un enseignant admiré et le chef d'une clinique peu orthodoxe, où les patients ne sont pas considérés comme des prisonniers, est dans le collimateur du professeur Rodney Elwell, qui le soupçonne de charlatanerie. En même temps, la jeune Deborah Higgins le consulte pour un problème médical embarrassant, surtout pour une jeune femme célibataire qui habite à la campagne.

Critique de Tootpadu

L'intelligence au service de l'humanité, c'est ainsi que l'on pourrait résumer la qualité principale de ce film, voire de la filmographie tout entière de son auteur. Aussi concernée par les choses simples de la vie que n'importe quel conte de Frank Capra, et aussi pétillante et instruite que les répliques en forme de feu d'artifice d'un Ernst Lubitsch ou d'un Billy Wilder, cette oeuvre à la fois intemporelle et socialement en avance sur son temps procure toujours un plaisir aussi intense et sincère. Immédiatement après le sublime Eve, Joseph L. Mankiewicz ne cherche point à épater ici, mais plutôt à mettre l'efficacité de sa mise en scène et sa plume exceptionnellement sophistiquée au service d'une histoire simple et modeste.
Rien que le protagoniste, un héros altruiste, contestataire, courageux et lucide, - et notez que c'est là une combinaison de traits de caractère que l'on ne trouve plus au cinéma depuis longtemps - est un individu profondément humain, avec ses forces et bon nombre de faiblesses. Le récit tourne autour de lui, et de l'interprétation d'un charme désarmant de Cary Grant, mais en même temps, l'histoire est si pauvre en incidents majeurs que l'intérêt exclusif envers un personnage principal serait insuffisant. C'est alors que la finesse de l'écriture de Mankiewicz entre en jeu, grâce à laquelle même les rôles les plus secondaires, comme l'ancienne gouvernante sur laquelle s'ouvre le film, retiennent une épaisseur incroyable.
Quelques aspects progressistes, tel le fait de ne pas insister sur le potenitel scandaleux de la grossesse hors mariage, sont relativement atténués par des conventions plus voyantes (l'histoire d'amour entre Praetorius et Higgins). Mais dans l'ensemble, On murmure dans la ville est une preuve supplémentaire de la suprématie des talents de scénariste de Mankiewicz, et par son intelligence, indéniable, et par sa modestie et son investissement émotionnel lorsqu'il s'agit de traiter des sujets très humains. Ainsi, un des moments les plus touchants arrive très tôt dans le film, au cours d'un tour de consultations, lorsque le bon docteur essaie de rendre à une vieille patiente l'idée de la mort presque attrayante.

Revu le 19 mai 2007, au Champo, Salle 2, en VO

Note de Tootpadu: